Publié sur Contretemps (
http://www.contretemps.eu/)
A l'occasion du sommet des peuples de Cochabamba, nous publions un texte d' Álvaro García Linera, actuel vice-président de la République bolivienne.
Ce texte intitulé Indianisme et marxisme : la non-rencontre de deux raisons révolutionnaires est paru dans le n° 4 de la revue Contretemps au 4è trimestre de 2009. Il est précédé d'une présentation de Franck Gaudichaud qui souligne l'importance du travail de Garcia Linera pour faire émerger un véritable syncrétisme entre marxisme critique et indianisme démocratique.
Présentation du texte d’Álvaro García Linera: « Marxisme et indianisme » (2005)
« Je suis une personne qui a vécu son adolescence dans une période de grande instabilité politique : élections, coups d’État, élections, autres coups d’État, dans un contexte fort de mobilisations, de projets, de débats, d’utopies. Je parle de la fin des années 70 et je crois que cela a eu une influence sur mon rapprochement personnel avec la politique et les sciences sociales »i. Agé de 46 ans, c’est ainsi qu’Álvaro García Linera, actuel vice-président de la République bolivienne et bras droit du Président aymara Evo Morales décrit son parcours biographique. Inspiré par Pierre Bourdieu, le penseur marxiste péruvien José Carlos Mariátegui ou encore Toni Negri, García Linera est souvent présenté comme l’un des principaux penseurs organiques du gouvernement bolivien et de sa « Révolution démocratique ». Avant de rejoindre le Mouvement au socialisme (MAS), ce mathématicien engagé et sociologue autodidacte orignal, a été lié durant des décennies aux luttes de son pays. Il rejoint, au début des années 1990, l’Armée guerrillera Túpak Katari (EGTK), qui cherchait à alimenter un soulèvement indigène dans le pays. Il y rencontre Felipe Quispe, leader aymara toujours actif et rival d'Evo Morales. La guérilla vaincue, García Linera passera cinq années en prison (1992-1995) au cours desquelles il étudie la sociologie.