M. Colloghan
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lundi 3 janvier 2011

Argentine : les entreprises récupérées se consolident !

Richard Neuville *

« Aujourd’hui, quel que soit l’endroit dans le pays, lorsqu’une entreprise ferme, les travailleurs brandissent le drapeau de l’autogestion. C’est le grand acquis de la lutte de la classe ouvrière argentine » (José Abelli)1.


La récupération d’entreprises par les travailleurs en Argentine (ERT) n’est pas qu’un lointain souvenir de la crise de 2001. Depuis, « les ERT, non seulement, n’ont pas disparu mais elles se sont converties en une option que les travailleurs reconnaissent comme valide, malgré toutes les difficultés plutôt que de se résigner à la fermeture des entreprises ». (Ruggeri-2010) De fait, le mouvement de récupération s’est poursuivi et les ERT ont même réussi dans une forte proportion à se consolider, voire à se renforcer, c’est ce que relève la troisième enquête sur les entreprises récupérées réalisée dans le cadre du programme « Faculté ouverte » de la Faculté de philosophie et de lettres de Buenos Aires (UBA)2, qui a été rendue publique en octobre dernier. Le présent article se fixe comme objectif d’en dégager une synthèse.

mercredi 10 novembre 2010

L’hôtel de luxe qui accueillait ouvriers, paysans et militants

Par Sophie Chapelle (5 novembre 2010)

Le Bauen, à Buenos Aires, est un grand hôtel atypique. Fermé en 2001 pour cause de mauvaise gestion et de crise financière, il a rouvert sous l’impulsion d’une poignée d’anciens employés licenciés. Décidés à se réapproprier leur ancien outil de travail, ils se lancent dans l’aventure de l’autogestion et se regroupent en coopérative. Pari réussi pour un lieu d’hébergement qui accueille touristes et militants solidaires.

Le café-restaurant ne désemplit pas. Des habitants du quartier s’y mélangent aux touristes et militants de passage. Un brouhaha gagne progressivement le hall d’entrée, qui jouxte le bar. Une centaine de campesinos venus des quatre coins d’Argentine débarquent. Ils se rendent à la première fête nationale des semences, non loin de Buenos Aires. Les deux ascenseurs sont pris d’assaut entraînant un difficile chassé-croisé dans les escaliers. Derrière la réception de l’hôtel, c’est Diego, l’attaché de presse, qui remplace au pied-levé un collègue malade. Bienvenue à Bauen [1], un hôtel de luxe récupéré et autogéré par les travailleurs depuis 2003.

dimanche 17 octobre 2010

Le troisième rapport sur les entreprises récupérées en Argentine

Université de Buenos Aires
Programme Faculté ouverte
Octobre 2010

Synthèse de ce rapport en français rédigée par Richard Neuville, consultable sur ce blog :
http://alterautogestion.blogspot.com/2011/01/argentine-les-entreprises-recuperees-se.html

Le rapport intégral en castillan est téléchargeable avec le lien ci-dessous:
http://www.recuperadasdoc.com.ar/Informe%20Relevamiento%202010.pdf

http://www.recuperadasdoc.com.ar/relevamiento2010.html

Voir également les articles de :
Marc Bloch : "En Argentine, les entreprises récupérées tiennent bon !"
http://www.mediapart.fr/club/blog/baptiste-bloch/141010/argentine-les-entreprises-recuperees-tiennent-bon

Esteban Magnani dans Pagina 12 (en castillan)
http://www.pagina12.com.ar/diario/suplementos/cash/17-4708-2010-10-25.html

Richard Neuville, synthèse en français du précédent rapport publié en juillet 2005
http://alterautogestion.blogspot.com/2009/03/argentine-entreprises-recuperees-2.html

mardi 9 mars 2010

En Argentine, l’utopie coopérative résiste au temps

Par Claude-Marie Vadrot
Article publié le lundi 01 mars 2010 par Médiapart


Dans les années 2000, de nombreux militants et personnages politiques français ? dont Ségolène Royal ?, plus ou moins discrètement, se sont précipités en Argentine pour voir s’ils pouvaient s’inspirer des milliers d’expériences de coopératives qui se sont multipliées dans le pays, principalement dans la région de Buenos Aires, après la crise économique. Celles qui administrent des entreprises abandonnées par leurs propriétaires ou bien ? récupérées ? après les nombreuses faillites ; ou encore celles qui se sont donné pour objectif de créer de nouveaux emplois en fédérant des activités individuelles, commerciales, industrielles ou artisanales. Parmi ces dernières, les coopératives de cartoneros, les récupérateurs cherchant dans les sacs-poubelles abandonnés de quoi revendre à des sociétés de recyclage : du carton ? d’où ce nom générique ?, du plastique ou du métal. Activités qui perdurent et se traduisent par la présence, une fois ces chiffonniers passés nuitamment, de sacs éventrés jonchant les trottoirs et les chaussées. De quoi exaspérer les services sanitaires et les habitants de Buenos Aires. De quoi aussi provoquer de véritables batailles rangées entre ces hommes, ces femmes et ses enfants se disputant le contrôle et l’exploitation de quelques rues.

vendredi 12 février 2010

Argentine - General Mosconi : Révoltes populaires et productions collectives

Pierre Grenet

Mosconi, du nom de l’ingénieur militaire, premier directeur de l’entreprise pétrolière publique YPF est située à 1800 kilometres de Buenos Aires, au Nord de la Province de Salta, près de la frontière bolivienne. La région est la première productrice de Gaz et de pétrole de la Province de Salta et la deuxième d’Argentine. Cette ville de 20.000 habitants est au cœur des luttes des chômeurs (piqueteros) (5.000 sur les 8.000 travailleurs de la ville) depuis la privatisation d’YPF en 1992. Sur les terres environnantes, l’exploitation du quebracho colorado, transformé en traverses de chemin de fer, qui avait été à l’origine de la première fondation de la ville, sous le nom du plus grand propriétaire terrien de la région, Ciro Echesortu, a été remplacée par la monoculture d’exportation (le département est le cinquième producteur de haricots blancs du monde). Le soja transgénique, l’arachide et le maïs complètent la production agricole à grands renforts d’épandage de pesticides par avion. La déforestation progresse à coup de bulldozers. Les bois de grande qualité comme le lapacho (ébène rose) et le palo santo (palissandre) sont brulés sur place après l’abattage pour gagner du temps et démarrer plus rapidement la production de soja transgénique.

jeudi 19 mars 2009

Argentine : Entreprises récupérées (2)

Richard Neuville
Synthèse du rapport de l’Université publique de Buenos Aires
En juillet 2005, l’Université publique de Buenos Aires (UBA) a présenté son deuxième rapport sur les entreprises récupérées par les travailleurs en Argentine (1). Cette enquête pluridisciplinaire a été réalisée au cours de l’année 2004. Elle prolonge la première, effectuée deux ans plus tôt, et se veut plus exhaustive. Elle tente de dégager les évolutions des entreprises récupérées à partir de l’étude approfondie de 72 de ces entreprises sur les 161 identifiées. Cette enquête a été menée auprès des travailleurs, en collaboration avec les principaux mouvements d’entreprises récupérées (2) et en lien avec des organisations syndicales et de chômeurs (3).

Argentine : Entreprises "récupérées" ou autogérées

Richard Neuville*
Si l’autogestion passait à des formes pratiques et concrètes et ne s’en tenait pas à des déclarations de principe, non seulement on s’interrogerait sur le mauvais fonctionnement de ce qui existe, si non sur la possibilité d’instaurer une économie alternative à caractère social, ce qui conduirait à rompre avec le discours hégémonique des 15 dernières années et le règne du marché. ” Gabriel Fajn (1)


L’Argentine vit une crise historique profonde tant du point de vue politique qu’économique :
- Au niveau politique, les contradictions internes entre les différentes fractions de la bourgeoisie ont contribué à la crise financière, avec d’un coté les tenants de la « financiarisation » de l’économie (dollarisation) et de l’autre les exportateurs pénalisés par la parité dollar / peso et défendant le décrochage du dollar. Une gauche (extrême gauche) très impliquée dans le mouvement social mais extrêmement divisée. Au centre, des organisations syndicales (CTA et CGT rebelle) et des courants du péronisme tentant vainement de proposer une politique d’alternance.
- Au niveau économique, le modèle d’accumulation et de concentration financière a provoqué la fermeture continue d’entreprises dans le secteur industriel, la rupture interne de circuits commerciaux et la marginalisation de secteurs importants de la production.
Les 4 années de récession qui ont précédées la crise, ont généré une économie qui est entrée dans un cycle de dépression, caractérisé par une forte chute de la demande, du produit intérieur brut et de l’investissement.
C’est dans ce contexte qu’a éclaté l’insurrection du “ 19-20 ” décembre 2001. Ce mouvement a vu l’émergence de nouvelles formes de lutte et de résistance : les assemblées populaires et la récupération des entreprises par les travailleurs et le renforcement des mouvements “ piqueteros ” qui existe depuis près de 10 ans. Parmi les formes d’auto organisation du mouvement ouvrier argentin, les entreprises “ récupérées ” ont un rôle déterminant et contribuent à l’émergence de véritables pratiques autogestionnaires.