M. Colloghan

mercredi 7 décembre 2016

Services publics et Autogestion




IIe Rencontre EuroMed de

l’Économie des travailleur-se-s

Thessalonique - 28-30 octobre 2016

Services publics et autogestion

Intervention de Richard Neuville, Association Autogestion (France) réalisée en castillan (voir ci-dessous)

Au sein de l’association Autogestion, nous pensons qu’il est nécessaire d’avoir une stratégie et un projet émancipateur pour rompre avec le système capitaliste et engager une transition pour reconquérir, développer les biens communs universels et sociaux.


1. Pour des services publics rénovés, développés, socialisés et profondément démocratisés

La perspective autogestionnaire n’est pas une vision abstraite ou intemporelle. Nous savons que le démantèlement des services publics organisé par les états a des conséquences importantes et ôte des droits et des protections aux travailleur-s-e-s salarié-e-s. Pour cette raison, il est indispensable de les défendre.

L’appropriation sociale permet de les sauver et de les développer. L’autogestion pose les questions de propriété, de financement, des modes de gestion, des relations sociales et de genre et de la composition des instances de gestion. Elle modifie également le rapport de forces des travailleur-e-s qui luttent pour prendre le contrôle de leur entreprise.

Les biens communs universels (l’eau, l’air et la biodiversité), les biens sociaux (l’enseignement, la santé, la protection sociale, la recherche,…) et les biens publics doivent échapper à tout système de marchandisation et être socialisés.

2. Démocratiser la gestion des services publics

Quels que soient les échelons de compétences, les citoyen-ne-s, les associations et les syndicats doivent être associés aux décisions et à la gestion des structures publiques afin de définir les orientations, contrôler et évaluer leur fonctionnement.

Il s’agit de dépasser la seule référence des contre-pouvoirs pour étendre le contrôle citoyen et construire des espaces d’autonomie populaire, de passer de formes collectives de résistance défensives à des formes collectives d’organisation et d’expérimentations dans une perspective d’exercice de pouvoir populaire réconciliant ainsi la vie quotidienne et l’action politique.

Il ne s’agit pas tant de « reprendre un contrôle citoyen » mais de créer les conditions d’un véritable pouvoir de décision citoyen, tout en multipliant les expérimentations citoyennes, dont il faudra tirer les enseignements.

3. Développer les services publics de proximité

L’essentiel des services publics de proximité, tels que l’eau, les déchets, les énergies renouvelables, l’éolien, le solaire, la culture, les transports publics, la petite enfance, les personnes âgées, la santé préventive et curative, etc. peuvent être gérés par des régies publiques profondément démocratisées, intégrant des collèges de syndicats de travailleur-se-s, d’associations et de citoyen-ne-s désigné-e-s ou des sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC).

En cas de carences des communes, les citoyen-ne-s peuvent également créer des coopératives de logements, des crèches autogérées, des résidences de personnes âgées, etc.

A cette échelle, il est possible de remporter des victoires partielles et de récupérer des parcelles de pouvoir. On le vérifie au niveau local dans différents endroits en France avec la gestion de l’eau, des énergies renouvelables à partir de luttes citoyennes développées avec des collectifs pluriels de défense et de développement de services publics.

4. Instituer la gratuité à grande échelle

La gratuité de nombreux services de base doit être expérimentée et instituée à grande échelle. L’intérêt de cette notion est qu'elle se concentre sur la valeur d'usage et l’utilité du service rendu et qu’elle émancipe de la loi du marché.

La gratuité peut préfigurer une société basée sur des échanges réciproques de services rendus les uns aux autres. Le débat sur ce sujet évolue sensiblement en France.

Le rôle social s’en trouve également transformé, on ne vend plus sa force de travail, on l'échange ou on la mutualise avec celle des autres. Elle engendre une modification des rapports sociaux et du contrat social, qui devient horizontal et sans intermédiaires.

Débarrassé des aspects marchands, l'échange de service entre soi et la société change complètement la place des individus dans la société, ils en deviennent coresponsables. L’instauration de rapports sociaux fondés sur la coopération et l'échange mutuel nous projettent de fait dans une autre configuration.

La transformation sociale et politique de la société implique de rompre radicalement avec les pratiques actuelles qui consistent à déléguer la gestion aux intérêts privés et à confisquer le pouvoir de décision. La tendance de regroupement des collectivités pour pouvoir livrer plus facilement les services publics aux appétits des multinationales doit être combattue. Pour cela, chaque parcelle récupérée peut contribuer à inverser le processus de privatisation.

5. Engager des transitions

D’ores et déjà, il est nécessaire d’engager des transitions à commencer par les niveaux écologique et énergétique car ils sont transversaux. Il reste encore des marges de manœuvre.

Alors que les crises climatique et énergétique ont d’ores et déjà des conséquences incommensurables pour l’avenir de la planète, les décisions pour demain doivent sortir impérativement du giron de la technocratie et être transférées provisoirement aux différentes instances élues.

Mais, ce n’est pas suffisant car la démocratie représentative est totalement discréditée et se trouve de plus en plus sous l’influence des lobbies. Il y a donc urgence à construire une articulation entre démocratie représentative et démocratie directe, cela passe par la mise en place de réelles instances de décision citoyenne, que nous définissons comme « démocratie active ».

La définition d’une nouvelle politique énergétique implique évidemment la remise en cause des modes de production, la sortie de la logique productiviste et la relocalisation d’une partie de l’économie pour réduire de manière substantielle le transport de marchandises, extrêmement énergivore, ainsi qu’une reconversion écologique de l’industrie.

Ces questions sont communes aux services publics et aux entreprises récupérées.

Le 30 octobre 2016.

 Version en castillan

Intervención en el II Encuentro EuroMed de la Economía de los/las trabajadores

Tesalónica - 28-30 de octubre de 2016

Para servicios públicos renovados, desarrollados, socializados y profundamente democratizados

En la Assoc. Autogestión, pensamos que es necesario tener una estrategia y un proyecto emancipador para romper con el sistema capitalista e emprender una transición para reconquistar, desarrollar bienes universales y sociales.

La perspectiva autogestionaria no es una visión abstracta o intemporal.
Sabemos que el desmantelamiento de los servicios públicos organizado por los Estados tiene consecuencias importantes y quita derechos y protección a trabajadores asalariados. Por eso, hay que defenderlos.

La apropiación colectiva permite salvarlos y desarrollarlos. La autogestión plantea cuestiones de propiedad, de la financiación, modos de gestión, relaciones sociales, de género y de la composición de las instancias de gestión. También modifica la relación de fuerza de los-las trabajadores-ras quiénes luchan para tomar el control de su empresa.

Los bienes comunes universales (el agua, el aire, la biodiversidad), los bienes sociales (enseñanza, salud, protección social, investigación) y los bienes públicos (energía, transportes, telecomunicaciones y otras redes) tienen que escapar al sistema de mercantilización y ser socializados.

 

Democratizar la gestión de los servicios públicos

  

Cuales quiera que sean los escalones de competencias, ciudadano-na-s, asociaciones, sindicatos tienen que estar asociados en las decisiones y en la gestión de las estructuras públicas para definir las orientaciones, controlar y evaluar su funcionamiento.

Se trata de sobrepasar la única referencia a los contrapoderes para extender el control ciudadano y construir espacios de autonomía popular, pasar de las formas colectivas de resistencias defensivas a formas colectivas de organización y de experimentaciones en una perspectiva de ejercicio de poder popular.

No se trata tanto de " tomar un control ciudadano " sino de crear condiciones de un poder verdadero de decisión ciudadano, multiplicando las experimentaciones ciudadanas, a las que habrá que aprender de ellas.

Desarrollar los servicios públicos de proximidad

Lo esencial de los servicios públicos de proximidad, tales como el agua, los residuos, las energías renovables, la cultura, los transportes públicos, la pequeña infancia, la atención a la tercera edad, la salud preventiva y curativa, etc. pueden ser administrados por estructuras públicas democratizadas, integrando colegios de sindicatos de trabajador-a-s, de asociaciones y de ciudadano-na-s. Es también necesario plantear la cuestión de la socialización de las tierras y de las viviendas.
En caso de carencias de los municipios, ciudadano-ne-s también pueden crear cooperativas de viviendas, guarderías infantiles autogestionadas, residencias de ancianos, etc.
En este nivel, existe la posibilidad conseguir victorias y recuperar parcelas de poder. Lo verificamos al nivel local en distintos sitios en Francia y en Ardèche (donde vivo) con la gestión del agua, de la energía renovable a partir de luchas ciudadanas desarrolladas en colectivos plurales de defensa y de desarrollo de servicios públicos.

Instituir la gratuidad a gran escala

La gratuidad de numerosos servicios de base tiene que estar experimentada e instituida a gran escala. Esta noción permite concentrar el valor de uso y la utilidad del servicio devuelto y emanciparse del mercado.

La gratuidad puede prefigurar una sociedad basada en intercambios recíprocos de servicios devueltos unos a otros. El debate sobre el tema evoluciona bastante en Francia.

El papel social se encuentra de allí también transformado, no vendemos más su fuerza de trabajo, la cambiamos o la mutualizamos con de otros. Engendra una modificación de relaciones sociales y del contrato social, que se vuelve horizontal y sin intermediarios.

Liberado de aspectos mercantiles, el intercambio de servicios cambia completamente el papel de los individuos en la sociedad. La instauración de relaciones sociales fundados sobre la cooperación y el intercambio mutuo nos proyectan de hecho en otra configuración.

La transformación social y política de la sociedad implica romper radicalmente con las prácticas actuales que consisten en delegar la gestión a los intereses privados y en confiscar el poder de decisión. La tendencia de reagrupamiento de municipalidades para poder entregar más fácilmente los servicios públicos a los provechos de multinacionales tiene que ser combatida. Por eso, cada parcela recuperada puede contribuir a invertir el proceso de privatización.

Emprender transiciones

Desde ahora, es necesario iniciar transiciones empezando por niveles ecológicos y energéticos porque son transversales. Todavía quedan márgenes de maniobra.
Mientras que las crisis climáticas y energéticas tienen desde ahora consecuencias inconmensurables como el futuro del planeta, las decisiones para mañana tienen que salir necesariamente del dominio de la tecnocracia y ser trasladadas provisionalmente a las diferentes instancias elegidas.

Pero, esto no es suficiente porque la democracia representativa es totalmente desacreditada y se encuentra cada vez más bajo la influencia de los lobbies. Pues, hay urgencia construir una articulación entre democracia representativa y democracia directa, hacia la “democracia activa”.

La definición de una nueva política ecológica e energética implica evidentemente un cambio radical de modos de producción, la salida de la lógica productivista y la relocalización de una parte de la economía para reducir de manera sustancial el transporte de mercancías, así como una reconversión ecológica de la industria.

Cuestiones comunas a servicios públicos y empresas recuperadas.

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