IIe
Rencontre EuroMed de
l’Économie
des travailleur-se-s
Thessalonique - 28-30
octobre 2016
Services publics et autogestion
Intervention de Richard Neuville, Association Autogestion
(France) réalisée en castillan (voir ci-dessous)
Au sein de l’association
Autogestion, nous pensons qu’il est nécessaire d’avoir une stratégie et un
projet émancipateur pour rompre avec le système capitaliste et engager une
transition pour reconquérir, développer les biens communs universels et
sociaux.
1. Pour
des services publics rénovés, développés, socialisés et profondément
démocratisés
La perspective autogestionnaire n’est pas une
vision abstraite ou intemporelle. Nous savons que le démantèlement des services
publics organisé par les états a des conséquences importantes et ôte des droits
et des protections aux travailleur-s-e-s salarié-e-s. Pour cette raison, il est
indispensable de les défendre.
L’appropriation sociale permet de les sauver et de
les développer. L’autogestion pose les questions de propriété, de financement, des
modes de gestion, des relations sociales et de genre et de la composition des
instances de gestion. Elle modifie également le rapport de forces des
travailleur-e-s qui luttent pour prendre le contrôle de leur entreprise.
Les biens communs universels (l’eau, l’air et la
biodiversité), les biens sociaux (l’enseignement,
la santé, la protection sociale, la recherche,…) et les biens publics doivent
échapper à tout système de marchandisation et être socialisés.
2. Démocratiser la gestion des services publics
Quels que soient les échelons de compétences, les citoyen-ne-s, les associations et les syndicats doivent être associés aux décisions et à la gestion des structures publiques afin de définir les orientations, contrôler et évaluer leur fonctionnement.
Il s’agit de dépasser la seule référence des
contre-pouvoirs pour étendre le contrôle citoyen et construire des espaces d’autonomie
populaire, de passer de formes collectives de résistance défensives à des
formes collectives d’organisation et d’expérimentations dans une perspective d’exercice
de pouvoir populaire réconciliant ainsi
la vie quotidienne et l’action politique.
Il ne s’agit pas tant de
« reprendre un contrôle citoyen » mais de créer les
conditions d’un véritable pouvoir de décision citoyen, tout en multipliant les
expérimentations citoyennes, dont il faudra tirer les enseignements.
3. Développer
les services publics de proximité
L’essentiel des services publics de proximité, tels
que l’eau, les déchets, les énergies renouvelables, l’éolien, le solaire, la
culture, les transports publics, la petite enfance, les personnes âgées, la
santé préventive et curative, etc. peuvent être gérés par des régies publiques
profondément démocratisées, intégrant des collèges de syndicats de
travailleur-se-s, d’associations et de citoyen-ne-s désigné-e-s ou des sociétés
coopératives d’intérêt collectif (SCIC).
En cas de
carences des communes, les citoyen-ne-s peuvent également créer des coopératives de
logements, des crèches autogérées, des résidences de personnes âgées, etc.
A cette échelle, il est possible de remporter des
victoires partielles et de récupérer des parcelles de pouvoir. On le vérifie au niveau
local dans différents endroits en France avec la gestion de l’eau, des énergies
renouvelables à partir de luttes citoyennes développées avec des collectifs
pluriels de défense et de développement de services publics.
4. Instituer la gratuité à grande échelle
La
gratuité de nombreux services de base doit être expérimentée et instituée à grande
échelle.
L’intérêt de cette notion est qu'elle se concentre sur la valeur d'usage et
l’utilité du service rendu et qu’elle émancipe de la loi du marché.
La
gratuité peut préfigurer une société basée sur des échanges réciproques de
services rendus les uns aux autres. Le débat sur ce sujet évolue sensiblement en
France.
Le rôle
social s’en trouve également transformé, on ne vend plus sa force de travail, on
l'échange ou on la mutualise avec celle des autres. Elle engendre une
modification des rapports sociaux et du contrat social, qui devient horizontal
et sans intermédiaires.
Débarrassé
des aspects marchands, l'échange de service entre soi et la société change complètement la
place des individus dans la société, ils en deviennent coresponsables. L’instauration
de rapports sociaux fondés sur la coopération et l'échange mutuel nous
projettent de fait dans une autre configuration.
La
transformation sociale et politique de la société implique de rompre
radicalement avec les pratiques actuelles qui consistent à déléguer la gestion aux
intérêts privés et à confisquer le pouvoir de décision. La tendance de
regroupement des collectivités pour pouvoir livrer plus facilement les services
publics aux appétits des multinationales doit être combattue. Pour cela, chaque
parcelle récupérée peut contribuer à inverser le processus de privatisation.
5. Engager des transitions
D’ores et déjà, il est
nécessaire d’engager des transitions à commencer par les niveaux écologique et
énergétique car ils sont transversaux. Il reste encore des marges de manœuvre.
Alors que les crises
climatique et énergétique ont d’ores et déjà des conséquences incommensurables pour l’avenir de la
planète, les décisions pour demain doivent sortir impérativement du giron de la
technocratie et être transférées provisoirement aux différentes instances
élues.
Mais, ce n’est pas
suffisant car la démocratie représentative est totalement discréditée et se trouve de plus en
plus sous l’influence des lobbies. Il y a donc urgence à construire une
articulation entre démocratie représentative et démocratie directe, cela passe
par la mise en place de réelles instances de décision citoyenne, que nous
définissons comme « démocratie active ».
La définition d’une
nouvelle politique énergétique implique évidemment la remise en cause des modes
de production, la sortie de la logique productiviste et la relocalisation d’une
partie de l’économie pour réduire de manière substantielle le transport de
marchandises, extrêmement énergivore, ainsi qu’une reconversion écologique de
l’industrie.
Ces questions
sont communes aux services publics et aux entreprises récupérées.
Le
30 octobre 2016.
Version en castillan
Intervención en el II Encuentro EuroMed de
la Economía de los/las trabajadores
Tesalónica - 28-30 de
octubre de 2016
Para servicios públicos renovados, desarrollados, socializados y profundamente democratizados
En la Assoc.
Autogestión, pensamos que es necesario tener una estrategia y un proyecto
emancipador para romper con el sistema capitalista e emprender una transición
para reconquistar, desarrollar bienes universales y sociales.
La perspectiva autogestionaria no es una visión abstracta
o intemporal.
Sabemos que el desmantelamiento
de los servicios públicos organizado por los Estados tiene consecuencias
importantes y quita derechos y protección a trabajadores asalariados. Por eso,
hay que defenderlos.
La apropiación colectiva permite salvarlos y
desarrollarlos. La autogestión plantea cuestiones de propiedad, de la financiación, modos
de gestión, relaciones sociales, de género y de la composición de las
instancias de gestión. También modifica la relación de fuerza de los-las
trabajadores-ras quiénes luchan para tomar el control de su empresa.
Los bienes comunes universales (el agua, el aire, la
biodiversidad), los bienes sociales
(enseñanza, salud, protección social, investigación) y los bienes públicos (energía, transportes, telecomunicaciones y
otras redes) tienen que escapar al
sistema de mercantilización y ser socializados.
Democratizar la gestión de los servicios públicos
Cuales quiera que sean los
escalones de competencias, ciudadano-na-s,
asociaciones, sindicatos tienen que estar asociados en las decisiones y en
la gestión de las estructuras públicas para definir las orientaciones,
controlar y evaluar su funcionamiento.
Se trata de sobrepasar la única referencia a los
contrapoderes para extender el control ciudadano
y construir espacios de autonomía popular, pasar de las formas colectivas
de resistencias defensivas a formas colectivas de organización y de
experimentaciones en una perspectiva de ejercicio de poder popular.
No se trata tanto de " tomar un control ciudadano
" sino de crear condiciones de un poder verdadero de decisión ciudadano, multiplicando las
experimentaciones ciudadanas, a las que habrá que aprender de ellas.
Desarrollar los servicios públicos de proximidad
Lo esencial de los servicios públicos de proximidad, tales como el agua,
los residuos, las energías renovables, la cultura, los transportes públicos, la
pequeña infancia, la atención a la tercera edad, la salud preventiva y
curativa, etc. pueden ser administrados
por estructuras públicas democratizadas, integrando colegios de sindicatos
de trabajador-a-s, de asociaciones y de ciudadano-na-s. Es también necesario
plantear la cuestión de la socialización de las tierras y de las viviendas.
En caso de carencias de los municipios, ciudadano-ne-s también
pueden crear cooperativas de viviendas, guarderías infantiles autogestionadas,
residencias de ancianos, etc.
En este nivel, existe la posibilidad conseguir victorias
y recuperar parcelas de poder. Lo verificamos al nivel local en distintos sitios en
Francia y en Ardèche (donde vivo) con la gestión del agua, de la energía
renovable a partir de luchas ciudadanas desarrolladas en colectivos plurales de
defensa y de desarrollo de servicios públicos.
Instituir la gratuidad a gran escala
La gratuidad de numerosos servicios de base tiene que
estar experimentada e instituida a gran escala. Esta noción permite concentrar el valor de uso y la
utilidad del servicio devuelto y emanciparse del mercado.
La gratuidad puede prefigurar una sociedad basada en
intercambios recíprocos de servicios devueltos unos a otros. El debate sobre el
tema evoluciona bastante en Francia.
El papel social se encuentra de allí también
transformado, no vendemos más su fuerza de trabajo, la cambiamos o la mutualizamos con de otros.
Engendra una modificación de relaciones sociales y del contrato social, que se
vuelve horizontal y sin intermediarios.
Liberado de aspectos
mercantiles, el intercambio de servicios cambia completamente el papel de los
individuos en la sociedad. La instauración de relaciones sociales fundados
sobre la cooperación y el intercambio mutuo nos proyectan de hecho en otra
configuración.
La transformación social y política de la sociedad
implica romper radicalmente con las prácticas actuales que consisten en delegar
la gestión a los intereses privados y en confiscar el poder de decisión. La tendencia de
reagrupamiento de municipalidades para poder entregar más fácilmente los
servicios públicos a los provechos de multinacionales
tiene que ser combatida. Por eso, cada
parcela recuperada puede contribuir a invertir el proceso de privatización.
Emprender transiciones
Desde
ahora, es necesario iniciar transiciones empezando por niveles ecológicos y
energéticos porque son transversales. Todavía quedan márgenes de maniobra.
Mientras
que las crisis climáticas y energéticas tienen desde ahora consecuencias
inconmensurables como el futuro del planeta, las decisiones para mañana tienen
que salir necesariamente del dominio de la
tecnocracia y ser trasladadas provisionalmente a las diferentes instancias
elegidas.
Pero, esto no es suficiente
porque la democracia representativa es
totalmente desacreditada y se encuentra cada vez más bajo la influencia de los
lobbies. Pues, hay urgencia construir una articulación entre democracia representativa y democracia directa,
hacia la “democracia activa”.
La
definición de una nueva política ecológica e energética implica evidentemente
un cambio radical de modos de producción, la salida de la lógica productivista
y la relocalización de una parte de la economía para reducir de manera
sustancial el transporte de mercancías, así como una reconversión ecológica de
la industria.
Cuestiones comunas a servicios públicos y empresas recuperadas.
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