M. Colloghan

jeudi 15 décembre 2016

Ecopla, 14 janvier 2017 : Nous serons tous là pour la reprise de l’usine !



Par Benoît Borrits (Association Autogestion)

Ce mercredi 14 décembre 2016, une assemblée de soutien aux anciens salarié-es d’Ecopla était lancée par le journal Fakir à la Bourse du travail de Grenoble. L’enjeu : l’occupation de leur usine de Saint-Vincent-de-Mercuze pour pouvoir demain préserver un savoir-faire et des emplois. Voilà maintenant deux ans que les salarié-es d’Ecopla ont monté un projet de reprise de leur entreprise en Scop qui mobilise aujourd’hui 2,7 millions d’euros. Le tribunal de commerce a préféré vendre les machines à une entreprise italienne qui les déménagera en ne laissant aucun emploi sur place, le tout dans le silence étourdissant des pouvoirs publics.

Bien avant l’heure officielle de début de la réunion de soutien aux Ecopla, la salle de la Bourse du travail de Grenoble était pleine. En préambule de cette réunion, François Ruffin, dans le mélange de sérieux et de provocation qui le caractérise, annonçait la couleur : il tenait au caractère solennel de cette « assemblée générale constituante ». Il rappelait l’objectif de reprendre possession de l’usine le samedi 14 janvier, que cela est un geste grave car « nous allons enfreindre le droit de propriété ».

Le droit à l’activité contre le droit de propriété, voilà clairement l’enjeu pour les salarié-es d’Ecopla qui ont été régulièrement débouté-es dans leurs démarches pour protéger leur savoir-faire et poursuivre leur activité de fabrication de barquettes en aluminium. Cette décision lourde de sens, les Ecopla ne voulaient ni ne pouvaient la prendre sans un soutien actif de la population grenobloise et des environs. C’est en fonction de cette mobilisation qu’ils allaient se décider. À cette fin, des fiches d’inscription étaient remises aux participant-es pour qu’ils et elles inscrivent leurs noms, leurs coordonnées, leurs moyens de locomotion et qu’ils s’engagent à « tracter, coller, boîter dans mon village, mon quartier, mon asso, mon ciné ; être présent le jour J ; ramener avec moi trois copains, voisines, collègues ; apporter ma guitare, ma salade de riz, une bouteille, des chansons pour réchauffer les corps et les cœurs ».

Ce soir, ils et elles n’ont pas été déçus. Comme le disait à la cantonade François Ruffin, il y avait au minimum 577 personnes, soit plus que le nombre de députés à l’Assemblée nationale ! Karine Salaün, ex-salariée d’Ecopla, a rappelé à l’assistance les difficultés qu’ils ont dû affronter pour faire exister leur projet de reprise en Scop : « On était une trentaine au départ, nous sommes douze ce soir. » Voilà bien là l’effet de l’usure que provoque l’inactivité des pouvoirs publics depuis plusieurs mois. Mais leur projet, ils y croient : « J’ai encore rencontré un client hier qui m’a expliqué qu’il n’avait pas retrouvé un fournisseur qui leur offrait la qualité d’Ecopla. »

Michel Lemoine, ancien expert-comptable des délégués syndicaux, a expliqué les difficultés qu’il a eu pour obtenir les comptes du groupe, le « cash pooling » (mutualisation des liquidités) opéré entre les entités du groupe au profit de filiales belges et allemandes, les ventes à perte d’Ecopla à cette dernière. Christophe Chevalier, délégué syndical CGT de l’entreprise, a rappelé que dès 2014, ils avaient activé leur droit d’alerte et qu’un projet de reprise en coopérative avait été élaboré avec le concours de l’Union régionale des Scop. Dès cette époque, ils avaient été éconduits par la justice… Aujourd’hui, ils ne leur restent plus que le pourvoi en cassation.

Malgré une assemblée où plus de personnes étaient debout qu’assises, l’ambiance était à l’écoute. Les murmures et chuchotements habituels en de telles réunions s’étaient éteints, comme si quelque chose d’historique allait se jouer. Patrick Bernard de la CGT Métallurgie de l’Isère s’est félicité que les syndicats soient là ce soir, « pas seulement la CGT » note-t-il. Il mentionne alors comme perspective pour les Ecopla quelques exemples d’entreprises récemment reprises par leurs salarié-es et qui fonctionnent, telles qu’ITAS en Croatie avec plus de 200 travailleurs, Scop-Ti ou les glaces La Belle Aude plus près de chez nous. Il rappelle la campagne de la CGT sur le coût du capital avec pour exemple le patron de Schneider qui a augmenté son salaire de 84 % l’année dernière. Il conclut en indiquant qu’« on en a assez de cette société où il y a toujours des patrons », tout en regrettant qu’« à la CGT, on n’a pas toujours été un modèle de ce point de vue, mais on va se rattraper ».

Avec la présence d'Olivier Leberquier (Scop-Ti) et de Charles Piaget (Lip) Plus qu'un symbole !

Lire la suite sur le site de l’association autogestion : http://www.autogestion.asso.fr/?p=6553

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