Richard Neuville (article paru dans Rouge et Vert)
Le candidat du Front élargi de la gauche, le Frente Amplio (FA), José « Pépé » Mujica est devenu le 29 novembre le nouveau Président de l'Uruguay. A l'occasion du second tour, Il a obtenu 51,9 % des voix. Cette victoire était attendue mais s’annonçait serrée malgré le score du premier tour, au cours duquel « Pépé » avait obtenu 48,2 % des voix. En outre, élément important, le FA a conservé la majorité absolue au Sénat et à l'Assemblée nationale.
Le candidat du Front élargi de la gauche, le Frente Amplio (FA), José « Pépé » Mujica est devenu le 29 novembre le nouveau Président de l'Uruguay. A l'occasion du second tour, Il a obtenu 51,9 % des voix. Cette victoire était attendue mais s’annonçait serrée malgré le score du premier tour, au cours duquel « Pépé » avait obtenu 48,2 % des voix. En outre, élément important, le FA a conservé la majorité absolue au Sénat et à l'Assemblée nationale.
Lors du second tour, la participation électorale a été très importante (90 %). Son adversaire Luis-Alberto Lacalle, le candidat de la droite « Blanco » a lui rassemblé 44,4 % des suffrages, et enfin 3,3 % de votes nuls ou blancs.
« Pepe » Mujica sera donc le deuxième président de gauche uruguayen après le socialiste Tabaré Vasquez élu en 2004 après 150 années de présidences ininterrompues partagées entre les deux partis de droite, le Parti national « Blanco » et le Parti Colorado, entrecoupée par 12 années de dictature militaire.
Cette nouvelle victoire du FA s’inscrira t-elle dans la continuité du premier quinquennat de gauche, qui a certes permis de réaliser des progrès au niveaux économique et social : recul du chômage qui est passé de 14 % à 6,6%, augmentation de 14 % du salaire moyen, recul de la pauvreté, mise en place d'un système national de santé, mais qui a surtout été marqué par une grande modération. Selon Marc Saint-Upéry , le gouvernement de Tabaré Vasquez peut être décrit comme un « hybride entre l’administration de Lula et la coalition chilienne de centre-gauche ». Contrairement à ses voisins, l’Uruguay a signé un accord de libre échange avec les Etats-Unis malgré l’échec de l’ALCA (Accord de libre échange des Amériques). Le pays est également resté un paradis fiscal et continue de s’opposer à l’avortement. Par ailleurs, l’installation de grandes papeteries très polluantes au bord de La Plata, sous capitaux finnois et espagnols et au nom de la création d’emplois, a envenimé ces dernières années les relations avec le grand voisin argentin.
Cependant, la personnalité de Mujica et son parcours militant peuvent signifier une inflexion vers la gauche du Frente Amplio. Agé de 74 ans, il est sans aucun doute une personnalité politique d'exception. Au sein du Frente Amplio qui rassemble 17 formations de gauche, il était d'abord le candidat du Mouvement de Participation Populaire (MPP), l'organisation des anciens Tupamaros. Il a passé 13 ans en détention sous la dictature. En 1985, la direction Tupamaros a fait le choix d'abandonner la lutte armée et de continuer le combat politique par la voie électorale. Et, progressivement, Mujica est devenu une des grandes figures nationales de la résistance à la dictature qui a coûté la vie à beaucoup de gens. Il s'est également imposé par sa modestie et sa droiture.
Au cours du précédent mandat, alors qu’il était ministre Ministre de l'agriculture et de la pêche du gouvernement, Mujica a su conserver une certaine indépendance et c’est démarqué publiquement à plusieurs reprises de Tabaré Vasquez. Ses priorités seront la lutte contre la pauvreté, l'éducation et la réforme de l'Etat pour lutter contre la bureaucratie et la corruption. Reste à savoir s'il disposera de marges de manœuvres suffisantes ? Cependant il devrait probablement pouvoir compter sur le soutien des syndicats et des mouvements sociaux.
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