Richard Neuville (article publié dans Rouge et Vert)
Le 13 décembre, les électeurs et électrices chilien-e-s étaient appelé-e-s à se prononcer pour désigner le prochain président de la République pour les quatre prochaines années et élire leurs député-e-s et sénateurs-trices. Michelle Bachelet, première présidente a avoir été élue dans un pays d’Amérique latine, qui jouissait pourtant d’un soutien exceptionnel de 78 % de la population ne pouvait pas se représenter en vertu de la constitution (Au Chili, le mandat présidentiel n’est pas renouvelable). Elle aura incarné à la fois l’unité nationale après des années de division et une grande continuité dans les politiques publiques de ce pays.
Le 13 décembre, les électeurs et électrices chilien-e-s étaient appelé-e-s à se prononcer pour désigner le prochain président de la République pour les quatre prochaines années et élire leurs député-e-s et sénateurs-trices. Michelle Bachelet, première présidente a avoir été élue dans un pays d’Amérique latine, qui jouissait pourtant d’un soutien exceptionnel de 78 % de la population ne pouvait pas se représenter en vertu de la constitution (Au Chili, le mandat présidentiel n’est pas renouvelable). Elle aura incarné à la fois l’unité nationale après des années de division et une grande continuité dans les politiques publiques de ce pays.
Si des réformes ont été engagées en direction des plus pauvres dans un des pays les plus inégalitaires au monde, le pacte de la transition a empêché toute remise en cause réelle de la Constitution de Pinochet et du modèle économique, qui est avant tout axé sur les exportations et un développement aux conséquences sociales et écologiques très graves, notamment pour les indiens mapuches expropriés. Seule la réforme approuvée par le Congrès en 2005 a permis d’apporter des modifications : réduction de six à quatre ans du mandat présidentiel ; élimination des statuts de sénateurs à vie ; restitution au pouvoir civil de la faculté de changer les commandants des forces armées et de la gendarmerie.
Depuis la fin de la dictature en 1990, la présidence est détenue par la Concertación des partis politiques pour la démocratie, alliance entre le Parti socialiste, le Parti pour la démocratie (PPD), le Parti radical social démocrate et le Parti démocrate-chrétien. La présidence a été partagée entre les représentants démocrates-chrétiens (Patricio Alwyn 1990-1993 et Eduardo Frei 1994-1999) et les socialistes (Ricardo Lagos 2000-2005 et Michelle Bachelet 2006-2010).
Lors de ces élections, quatre candidats masculins s’affrontaient : après deux mandats consécutifs détenus par les socialistes, c’est Eduardo Frei (DC) qui a été désigné candidat au sein de la concertación mais représente la droite de la coalition ; Sebastian Piñera pour la Coalition pour le changement, ex-sénateur et homme d’affaire qui s’est enrichi frauduleusement sous la dictature, qui fait figure de « Berlusconi à la chilienne » et se réclame de Sarkozy ; Marco Enríquez-Ominami (fils du dirigeant et fondateur du Mouvement de la gauche révolutionnaire – MIR assassiné en 1974 par les militaires) pour la Nouvelle majorité pour le Chili et Jorge Arrate du rassemblement « Ensemble nous pouvons plus !», regroupement de forces de la gauche extraparlementaire (Frente Amplio, gauche chrétienne, groupes sociaux de base) autour du Parti communiste. Les deux candidats de gauche sont issus du Parti socialiste : Marco Enríquez-Ominami avait été éliminé lors des primaires internes à la concertación, il avait donc décidé de tenter sa chance seul et bénéficiait d’un soutien important de la classe médiatique pour être marié avec une star de la télévision nationale ; Jorge Arrate a été ministre de l’éducation.
Au premier tour, c’est le candidat de la droite conservatrice et ultralibérale et non pas modérée comme les médias européens l’ont présenté, Sebastian Piñera qui l’a emporté avec 44,03 % des voix devant Eduardo Frei (29,62 %), Marco Enríquez-Ominami (20,12 %) et enfin Jorge Arrate (6,21 %). Il s’agit d’un retour en force de la droite musclée, Piñera améliore son score de 18 points par rapport à 2005. De toute évidence, Eduardo Frei n’était pas le meilleur candidat de la Concertation et une majorité des voix socialistes se sont reportés sur les deux autres candidats de gauche. Le score de Jorge Arrate, une des figures de l’Unité populaire, est significatif du retour d’une gauche de résistance au Chili, totalement exclus du système parlementaire depuis le putsch de Pinochet en 1973. La création récente d’une nouvelle organisation, le Partido Izquierda (Parti de gauche) par des militant-e-s du Parti socialiste démontre que ce parti est enferré dans un cadre centriste et qu’une partie de ses membres souhaiterait un positionnement plus à gauche.
Le deuxième tour qui se déroulera le 17 janvier 2010 s’annonce donc serré mais logiquement les deux candidats de gauche devraient apporter leur soutien au démocrate-chrétien, Eduardo Frei car ils sont issus de la Concertation.
Les élections législatives et sénatoriales se déroulaient le même jour. La Concertation a perdu la majorité absolue à l’Assemblée nationale en passant de 65 à 57 sièges, elle est devancée par la Coalition pour le changement (58 sièges), les 5 sièges restant se répartissent entre une liste indépendante (2 sièges) et « Chili propre, votez heureux » (3 sièges). Pour la première fois depuis 1973, 3 députés Communistes siègeront au Congrès.
Richard Neuville
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