Richard Neuville *
Le syndicat, l’Union des travailleurs guyanais (UTG), membre fondateur du forum social pan amazonien a organisé une conférence-débat sur la situation en Guyane, l’occasion pour nous de tenter de mieux cerner le contexte de domination coloniale dans lequel vivent les populations autochtones. En métropole, les médias ne parlent guère de ce territoire sauf lors de l’envoi des fusées Ariane à Kourou ou, plus récemment, avec plusieurs jours de retard quand la population s’est mobilisée contre le prix du carburant. Ce mouvement social très important a rassemblé l’essentiel de la population guyanaise, y compris les peuples indigènes. Si l’Etat a concédé une baisse de 0,5 euro après deux semaines de blocage complet de l’activité économique, elle n’est que provisoire et les problèmes de vie chère ne sont absolument pas réglés. Le pouvoir français a mis en place une commission qui doit rendre ses conclusions en mars.
En Guyane, la France maintient une économie de comptoir, tout y est importé, même le bois sous prétexte de labellisation alors qu’il serait possible de développer l’activité économique locale. L'Etat français limite toute forme d'accumulation de capital et l'émergence d'une bourgeoisie qui ne manquerait pas d'alimenter les contradictions. Au contraire, il favorise le développement d'une économie artificielle, basée sur la consommation et une politique de minima sociaux.
L'Amazonie est devenue un enjeu stratégique essentiel. Signataire de la Convention de Rio en juin 1992, la France ne respecte pas ses engagements. Les populations autochtones ne bénéficient pas des retombées de l'exploitation de la biodiversité. On déplace des populations indigènes pour les regrouper et les sédentariser au nom de la santé. On explique à ces peuples qu'ils doivent cesser de chasser et de pêcher et consommer du poisson d'élevage. En outre, on impose des barrières administratives entre les six nations amérindiennes de base linguistiques différentes.
La politique de la France consiste à sacraliser ce territoire. Un parc naturel national a été créé en 2006 qui couvre la moitié de la superficie de la Guyane et sur lequel les populations sont de plus en plus contrôlées. L'Etat militarise de plus en plus ce territoire et réprime de plus en plus le mouvement social et plus globalement les populations en limitant la circulation sur le territoire. Parallèlement, la biodiversité devient un enjeu de plus en plus important pour l’industrie pharmaceutique française et comme par hasard, l’ancien PDG d’Aventis vient d’être nommé pour développer le projet du parc. Pour l’orpaillage, on interdit à une population indigène d’exploiter la ressource mais on ne combat pas réellement l’activité clandestine. Les garimpeiros brésiliens sont liés à des multinationales, ils sont équipés de matériel qu'ils ne pourraient pas s'acheter avec leurs revenus de misère et l’Etat français, censé contrôler le territoire, se rend complice de cette exploitation.
La domination coloniale de la France en Guyane doit nous interpeller, les forces progressistes en métropole doivent être solidaires des revendications des populations de ce territoire. Les forces sociales guyanaises souhaitent développer les relations avec les mouvements sociaux d’Amérique latine mais se heurtent bien souvent à des tracasseries administratives, ainsi quand l’UTG veut rencontrer la CUT, son homologue brésilienne cela s’avère parfois très compliqué. En Guyane, si la gauche est majoritaire, le mouvement indépendantiste reste divisé et faible (entre 10 et 15 % de l'électorat). De fait, il n'existe pas une majorité de la population en faveur de l'indépendance. Pour le Mouvement en faveur de la décolonisation économique et social (MDES), la hausse artificielle du niveau de vie entraîne une baisse de conscience politique et la population a tendance à déléguer les luttes sociales aux forces constituées.
Article rédigé pour Rouge et Vert (06/02/2009)
Le syndicat, l’Union des travailleurs guyanais (UTG), membre fondateur du forum social pan amazonien a organisé une conférence-débat sur la situation en Guyane, l’occasion pour nous de tenter de mieux cerner le contexte de domination coloniale dans lequel vivent les populations autochtones. En métropole, les médias ne parlent guère de ce territoire sauf lors de l’envoi des fusées Ariane à Kourou ou, plus récemment, avec plusieurs jours de retard quand la population s’est mobilisée contre le prix du carburant. Ce mouvement social très important a rassemblé l’essentiel de la population guyanaise, y compris les peuples indigènes. Si l’Etat a concédé une baisse de 0,5 euro après deux semaines de blocage complet de l’activité économique, elle n’est que provisoire et les problèmes de vie chère ne sont absolument pas réglés. Le pouvoir français a mis en place une commission qui doit rendre ses conclusions en mars.
En Guyane, la France maintient une économie de comptoir, tout y est importé, même le bois sous prétexte de labellisation alors qu’il serait possible de développer l’activité économique locale. L'Etat français limite toute forme d'accumulation de capital et l'émergence d'une bourgeoisie qui ne manquerait pas d'alimenter les contradictions. Au contraire, il favorise le développement d'une économie artificielle, basée sur la consommation et une politique de minima sociaux.
L'Amazonie est devenue un enjeu stratégique essentiel. Signataire de la Convention de Rio en juin 1992, la France ne respecte pas ses engagements. Les populations autochtones ne bénéficient pas des retombées de l'exploitation de la biodiversité. On déplace des populations indigènes pour les regrouper et les sédentariser au nom de la santé. On explique à ces peuples qu'ils doivent cesser de chasser et de pêcher et consommer du poisson d'élevage. En outre, on impose des barrières administratives entre les six nations amérindiennes de base linguistiques différentes.
La politique de la France consiste à sacraliser ce territoire. Un parc naturel national a été créé en 2006 qui couvre la moitié de la superficie de la Guyane et sur lequel les populations sont de plus en plus contrôlées. L'Etat militarise de plus en plus ce territoire et réprime de plus en plus le mouvement social et plus globalement les populations en limitant la circulation sur le territoire. Parallèlement, la biodiversité devient un enjeu de plus en plus important pour l’industrie pharmaceutique française et comme par hasard, l’ancien PDG d’Aventis vient d’être nommé pour développer le projet du parc. Pour l’orpaillage, on interdit à une population indigène d’exploiter la ressource mais on ne combat pas réellement l’activité clandestine. Les garimpeiros brésiliens sont liés à des multinationales, ils sont équipés de matériel qu'ils ne pourraient pas s'acheter avec leurs revenus de misère et l’Etat français, censé contrôler le territoire, se rend complice de cette exploitation.
La domination coloniale de la France en Guyane doit nous interpeller, les forces progressistes en métropole doivent être solidaires des revendications des populations de ce territoire. Les forces sociales guyanaises souhaitent développer les relations avec les mouvements sociaux d’Amérique latine mais se heurtent bien souvent à des tracasseries administratives, ainsi quand l’UTG veut rencontrer la CUT, son homologue brésilienne cela s’avère parfois très compliqué. En Guyane, si la gauche est majoritaire, le mouvement indépendantiste reste divisé et faible (entre 10 et 15 % de l'électorat). De fait, il n'existe pas une majorité de la population en faveur de l'indépendance. Pour le Mouvement en faveur de la décolonisation économique et social (MDES), la hausse artificielle du niveau de vie entraîne une baisse de conscience politique et la population a tendance à déléguer les luttes sociales aux forces constituées.
Article rédigé pour Rouge et Vert (06/02/2009)
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