M. Colloghan

lundi 16 mai 2016

Perspectives autogestionnaires des mouvements sociaux en cours




Préambule du Rapport d’activité de l’Association Autogestion

Le contexte social et politique inédit en France ne peut que nous réjouir. Celui d’un mouvement social, le plus important depuis 2010, pour le retrait d’un projet de loi du travail qui constitue une régression sociale sans précédent pour la classe ouvrière et celui d’une insurrection citoyenne à travers le mouvement Nuit Debout, qui a essaimé dans plus de deux cents villes du territoire.


Articulés, ces mouvements contestent les logiques néolibérales et néoconservatrices à l’œuvre et le modèle de domination capitaliste. Ils renouvellent également le répertoire des modalités d’action en conjuguant des formes classiques (manifestations, occupations de l’espace public) et d’autres plus récentes (utilisation des nouveaux moyens de communication).

Le premier ne se réduit pas à contester l’inversion hiérarchique des normes du code du travail, acquise par la lutte en 1936, mais il symbolise également un renouveau de la conflictivité sociale à grande échelle et la revendication d’autres relations sociales sur les lieux de travail.

Le second, à l’image des mouvements de révolte citoyens, qui ont surgis à partir de 2010 aux quatre coins de la planète (de l'Islande à l'État espagnol, du Chili au Québec, du Brésil à la Turquie) conteste la légitimité politique, le mode de représentation et la restriction des libertés ; il s’élève contre l’arrogance des dirigeants et dénonce la connivence entre le monde politique, financier et médiatique et le capitalisme ; il interroge également les formes de réappropriation des biens communs ; il agrège des paramètres d’une démocratie radicale, participative et y compris directe, de l’autogestion, voire de l’autonomie. Confrontés à une forte répression, qui utilise des techniques d’intervention nouvelles, ces mouvements résistent dans la « dignité ».

Alors que le pays traverse une véritable crise de la démocratie représentative, la « classe politique » s’évertue à l’ignorer pour satisfaire toujours davantage l’appétit des possédants et à approfondir la propagande destinée à la « fabrication du consentement ». Mais de plus en plus de citoyen-ne-s s’insurgent contre la duperie du conditionnement et ces mouvements interrogent de nouveau différentes déclinaisons de la démocratie : économique, sociale et politique, en esquissant des formes possibles d’autogestion.

Tout naturellement, les membres de l’association sont investi-e-s dans ces mouvements et y interviennent directement car au-delà des formes d’auto-organisation, la réactualisation de l’autogestion, amorcée après la crise de 2008, peut prendre un cours nouveau. Nul-le ne peut prédire sur quoi déboucheront ces mouvements mais ils portent en germes indubitablement des perspectives de changement. Car c’est bien une profonde transformation sociale et écologique qu’il est nécessaire engager. Elle se réalisera par les luttes, des pratiques militantes rénovées, des expériences innovantes, des modalités d’action diverses dont la visée doit intégrer de nouvelles formes de réappropriation économique et politique.

Modestement, l’association Autogestion peut y contribuer en continuant à populariser les luttes et les expériences en cours, en étayant la réflexion à travers les publications mais en engageant également le débat sur les enjeux stratégiques des résistances de type autogestionnaire dans le capitalisme mondialisé actuel.


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