Analyses et documents sur le pouvoir populaire au Chili (1970-1973)
Editions Syllepse, Collection "Coyoacán"
Auteur: Gaudichaud Franck
Pages : 192 pages / 10 €
Présentation
Il y a quarante ans, le putsch
militaire mettait un terme à trois années d’une expérience sans précédent. Pour
la bourgeoisie chilienne comme pour les dirigeants des États-Unis, il fallait
briser le rêve de Salvador Allende et de l’Unité populaire avant qu’il ne soit
trop tard. Avant que le pouvoir populaire ne se développe encore plus...
Pourtant, de la période de l’Unité
populaire chilienne (1970-1973), on ignore aujourd’hui en France à peu près tout.
On semble ne vouloir connaître, la plupart du temps, que le nom de Salvador
Allende, icône de la gauche devenue martyr avec le coup d’État et les années de
répression massive qui suivirent. À rebours des idées reçues sur le Chili de ce
temps, Venceremos propose un retour sur l’Unité
populaire vue d’en bas, du point de vue de ceux qui la construisirent et la
défendirent, au quotidien.
«C’est presque étrange de parler
de tout cela aujourd’hui, cela m’apparaît parfois comme s’il s’agissait d’un
rêve...», raconte Mario Olivares qui était à l’époque était ouvrier
métallurgiste et délégué d’un cordon industriel. Il a effectivement vécu un
rêve, un rêve éveillé, partagé par la gauche chilienne et mondiale. Quant à
Hernan Ortega, président de la coordination des Cordons industriels de Santiago
– organisations de base surgies en réaction à la grève patronale d’octobre 1972
–, il déclare : «Pour moi, comme pour tous les Chiliens, l’Unité populaire
signifiait l’aspiration à une société distincte, plus démocratique, plus
égalitaire, permettant aux travailleurs d’atteindre un développement plein et
entier, pas seulement du point de vue économique, mais aussi de celui de
l’épanouissement intégral de l’être humain.»
L’histoire des organismes de
«pouvoir populaire» surgis durant le gouvernement de Salvador Allende reste
largement méconnue. Et pourtant... Dans les quartiers pauvres et les usines,
dans les organisations de ravitaillement, les comités de voisins, dans les
Cordons industriels et les commandos communaux, un mot d’ordre résonnait avec
toujours plus de force: «Pouvoir populaire».
Et ce pouvoir populaire se
construisait, soutenant et critiquant tout à la fois le gouvernement de l’Unité
populaire. Quels furent leurs projets politiques, leurs acquis et faiblesses,
leurs débats et leurs mythes, leur organisation et leur ampleur ? C’est à ces
questions que ce livre s’efforce de répondre en republiant toute une série de
documents relatifs à ce pouvoir populaire. Une riche introduction contextualise
et problématise cet épisode aussi essentiel que méconnu de l’histoire du Chili
de Salvador Allende...
La lettre adressée par la
coordination provinciale des Cordons industriels de Santiago au président de la
République Salvador Allende, le 5 septembre 1973, se terminait ainsi : «Nous
vous prévenons, camarade, avec tout le respect et la confiance que nous vous
portons encore, que si vous ne réalisez pas le programme de l’Unité populaire,
si vous ne confiez pas dans les masses, vous perdrez l’unique appui réel que
vous possédez comme personne et comme gouvernant, et vous serez responsable de
porter le pays, non à la guerre civile, qui est déjà en plein développement,
mais à un massacre froid, planifié, de la classe ouvrière la plus consciente et
la plus organisée d’Amérique latine.»
L’auteur
Franck
Gaudichaud est maître de conférences en études latino-américaines à
l’université Grenoble 3. Il est collaborateur du Monde diplomatique et co-président de l’association France
Amérique latine. Il a dirigé Le Volcan
latino-américain. Gauches, mouvements sociaux et néolibéralisme en Amérique
latine (Paris, Textuel, 2008). Il est par ailleurs l’auteur de
Chili. Mille jours qui changèrent le monde.
Politiques du conflit, mouvement ouvrier et pouvoirs populaires constituants
durant le gouvernement Allende (1970-1973), à paraître aux Presses
universitaires de Rennes. Il a publié chez Syllepse, Amérique latine, émancipations en construction, collection
« Cahiers de l’émancipation » (janvier 2013).
Chili 1970-1973
Mille jours qui ébranlèrent
le monde
Grâce à une approche originale combinant sources écrites
et enquête orale, science politique, sociologie et histoire, cette étude très
fouillée reconstitue la dynamique du mouvement révolutionnaire chilien, vu « par
en bas », au niveau des entreprises occupées, des ceintures industrielles, des
quartiers populaires. Basé sur la respiration des politiques du conflit qui ont
rythmé la « voie chilienne au socialisme », ce livre montre le développement et
la radicalisation du mouvement ouvrier, les formes d’organisation d’une classe
mobilisée et les répertoires d’action utilisés.
Avec une préface de Michael
Löwy.
Le Chili de l’Unité populaire
* Un État de compromis ? Les
fondements des relations entre mouvement ouvrier, partis et État
* Éléments d’un processus
conflictuel : conditions socio-économiques et situation des mouvements ouvrier
et social en 1970
* Les partis politiques de
gauche et la « voie chilienne au socialisme »
Vers le débordement ? De
l’échec des Comités de l’Unité populaire à l’Assemblée de Concepción
* Pouvoir populaire et
mesures en faveur de la participation sociale
* Tensions politiques et
radicalisation du mouvement ouvrier
* Les premiers signes de débordement
Des Cordons industriels
en soi aux Cordons industriels pour soi
* Maipú-Cerrillos : esquisse
des conditions d’une expérience de classe
* L’octobre rouge chilien : une
profonde crise politique
* La normalisation civilo-militaire
* Organisation, représentations
et place du pouvoir populaire au sein de la « voie chilienne »
Répertoires du pouvoir
populaire, territoires mobilisés et menaces de coup d’État
* Des mobilisations
collectives radicales sans alternative politique ?
* Le « Tancazo » et ses
suites
* Quand la ville est en
lutte. Territoires et répertoires du pouvoir populaire
* La révolution désarmée
L’auteur
Franck Gaudichaud est spécialiste du Chili et des
mouvements sociaux en Amérique latine, sur lesquels il a déjà publié plusieurs
livres et articles. Après avoir fait des recherches à Santiago du Chili, il a
enseigné dans les universités de La Rochelle et d’Amiens. Il est désormais maître
de conférences en civilisation latino-américaine à l’université de Grenoble et
chercheur à l’ILCEA (Institut des Langues et des Cultures d’Europe et d’Amérique
– E.A. 613). Ce livre est issu de son travail de thèse de doctorat en science
politique, réalisé sous la direction de Michael Löwy (université Paris VIII).
2013
Presse universitaires de
Rennes
Franck Gaudichaud
Domaine : Histoire
contemporaine
Collection : Des Amériques
Format : 16,5 x 24 cm
Nombre de pages : 346 p.
Disponibilité : en
librairie
Prix : 20,00 €
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