Un manifeste
Daniel
Albarracín, Nacho Álvarez, Bibiana Medialdea (Espagne) Francisco Louçã, Mariana
Mortagua (Portugal) Stavros Tombazos (Chypre) Giorgos Galanis, Özlem Onaran
(Grande Bretagne) Michel Husson (France) Page web : http://tinyurl.com/euro13
La
crise
L'Europe s'enfonce dans la crise et la régression sociale sous
le poids de l'austérité, de la récession et de la stratégie de « réformes
structurelles ». Cette pression est étroitement coordonnée au niveau européen,
sous la direction du gouvernement allemand, de la Banque centrale européenne et
de la Commission européenne. Il y a un large consensus pour dire que ces
politiques sont absurdes et même qu’elles sont menées par des « analphabètes »:
l'austérité budgétaire ne réduit pas la charge de la dette, elle engendre une
spirale récessive, toujours plus de chômage, et sème la désespoir parmi les
peuples européens.
Ces politiques sont pourtant rationnelles du point de vue
de la bourgeoisie. Elles sont un moyen brutal - une thérapie de choc – de
restaurer les profits, de garantir les revenus financiers, et de mettre en œuvre
les contre-réformes néolibérales. Ce qui se passe est au fond la validation par
les Etats des droits de tirage de la finance sur la richesse produite. C'est
pourquoi la crise prend la forme d'une crise des dettes
souveraines.
Le faux dilemme
Cette crise est un révélateur
: elle montre que le projet néolibéral pour l'Europe n'était pas viable. Ce
dernier présupposait que les économies européennes étaient plus homogènes que ce
n’est le cas en réalité. Les différences entre pays se sont creusées en fonction
de leur insertion dans le marché mondial et de leur sensibilité au taux de
change de l’euro. Les taux d'inflation n'ont pas convergé, et les faibles taux
d'intérêt réels ont favorisé les bulles financière et immobilière et intensifié
les flux de capitaux entre pays.
Toutes ces contradictions, exacerbées par la
mise en place de l'union monétaire, existaient avant la crise, mais elles ont
explosé avec les attaques spéculatives contre les dettes souveraines des pays
les plus exposés.
Les alternatives progressistes à cette crise passent par
une profonde refondation de l'Europe : la coopération est nécessaire au niveau
européen mais aussi international pour la restructuration de l’industrie, la
soutenabilité écologique et le développement de l'emploi. Mais comme une telle
refondation globale semble hors de portée compte tenu du rapport de forces
actuel, la sortie de l'euro est présentée dans différents pays comme une
solution immédiate. Le dilemme semble donc être entre une sortie risquée de la
zone euro et une hypothétique harmonisation européenne qui devrait émerger des
luttes sociales. Il s'agit à notre avis d'une fausse opposition : il est au
contraire décisif d’élaborer une stratégie politique viable de confrontation
immédiate.
Toute transformation sociale implique la remise en cause des
intérêts sociaux dominants, de leurs privilèges et de leur pouvoir, et il est
vrai que cette confrontation se déroule principalement dans un cadre national.
Mais la résistance des classes dominantes et les mesures de rétorsion qu’elles
peuvent exercer dépassent le cadre national. La stratégie de sortie de l'euro
n’intègre pas suffisamment la nécessité d’une alternative européenne et c’est
pourquoi il faut disposer d’une stratégie de rupture avec l’« eurolibéralisme »
qui permette de dégager les moyens d’une autre politique. Ce texte ne porte pas
sur le programme, mais sur les moyens de le mettre en œuvre.
Que
devrait faire un gouvernement de gauche?
Nous sommes plongés dans ce
que l’on peut techniquement appeler une « crise de bilan ». Cette crise qui
s’installe dans la durée par le jeu combiné du désendettement du secteur privé
et des politiques d’austérité budgétaire trouve son origine dans l'accumulation
passée d'une énorme quantité d'actifs fictifs, qui ne correspondaient à aucune
base réelle. En termes pratiques, cela signifie que les citoyens doivent
aujourd’hui payer pour la dette, autrement dit valider les droits de tirage de
la finance sur la production et sur les recettes fiscales actuelles ou à venir.
Les Etats européens, par une action strictement coordonnée au niveau européen -
et même au niveau mondial - ont décidé de nationaliser les dettes privées en les
transformant en dette souveraine et d'imposer des politiques d'austérité et de
transferts afin de payer ces dettes. C'est le prétexte pour mettre en œuvre des
« réformes structurelles » dont les objectifs sont classiquement néolibéraux :
réduction des services publics et de l'Etat-providence, coupes dans les dépenses
sociales et flexibilisation des marchés du travail, afin de baisser les salaires
directs et indirects.
Une stratégie politique de gauche devrait selon nous
être centrée sur la conquête d’une majorité en faveur d’un gouvernement de
gauche, capable de se débarrasser de ce carcan.
Se libérer de
l’emprise des marchés financiers et contrôler le déficit. À court terme,
l’une des premières mesures d’un gouvernement de gauche devrait être de trouver
les moyens de financer le déficit public indépendamment des marchés financiers.
C'est interdit par les règles européennes et c’est la première rupture à opérer.
Il existe un large éventail de mesures possibles qui ne sont pas nouvelles et
qui ont été utilisées dans le passé dans différents pays européens : un emprunt
forcé sur les ménages les plus riches ; l'interdiction d'emprunter auprès de
non-résidents ; l'obligation pour les banques d'un quota d'obligations publiques
; une taxe sur les transferts internationaux de dividendes et sur les opérations
en capital, etc. et bien sûr une réforme fiscale radicale.
Le moyen le plus
simple serait que la banque centrale nationale finance le déficit public, comme
c'est le cas au Etats-Unis, en Grande-Bretagne, au Japon, etc. Il serait
possible de créer une banque spéciale autorisée à se refinancer auprès de la
banque centrale, mais qui aurait comme principale fonction d’acheter des
obligations publiques (c’est d’ailleurs une chose que la BCE a déjà faite en
pratique).
Bien sûr, le problème n’est pas vraiment technique. Il s'agit
d'une rupture politique avec l'ordre européen. Sans une telle rupture, toute
politique susceptible de ne pas « rassurer les marchés financiers » serait
immédiatement contrecarrée par une augmentation du coût du financement de la
dette publique.
Se libérer de l’emprise des marchés financiers et
restructurer la dette. Cette première série de mesures immédiates ne suffit
pas pour réduire le fardeau de la dette accumulée et des intérêts sur cette
dette. L’alternative est alors la suivante : soit une austérité budgétaire
éternelle soit un moratoire immédiat sur la dette publique suivi de
mesures d'annulation de la dette. Un gouvernement de gauche devrait dire : «
Nous ne pouvons pas payer la dette en ponctionnant les salaires et les pensions,
et nous refusons de le faire. » Après la mise en place du moratoire, il devrait
organiser un audit citoyen afin d’identifier la dette illégitime, qui correspond
en général à quatre éléments:
• les « cadeaux fiscaux » passés accordés aux
ménages les plus riches, aux entreprises et aux « rentiers » ;
• les
privilèges fiscaux « illégaux » : évasion fiscale, optimisation fiscale, paradis
fiscaux et amnisties ;
• les plans de sauvetage des banques depuis
l'éclatement de la crise ;
• la dette créée par la dette elle-même, par
l'effet boule de neige créé par la différence entre les taux d'intérêt et les
taux de croissance du PIB rognés par les politiques
d'austérité et de
chômage.
Cet audit ouvre la voie à l'imposition d'un échange de titres de la
dette permettant d’en annuler une grande partie. C’est la deuxième
rupture.
Mais les dettes souveraines sont également totalement entremêlées
avec le bilan des banques privées. C'est pourquoi le plan de sauvetage d'un pays
est en général un plan de sauvetage des banques. Une troisième rupture par
rapport à l'ordre néolibéral est nécessaire, qui passe par le contrôle des
mouvements internationaux de capitaux, le contrôle du crédit et la socialisation
des banques. C'est le seul moyen rationnel de démêler l'écheveau de dettes.
Après tout, cela a été l'option retenue en Suède dans les années 1990 (même si
les banques ont été ensuite reprivatisées).
Pour résumer, l'ouverture d'une
voie alternative nécessite un ensemble cohérent de trois ruptures:
• le
financement de ces émissions de dette souveraine, passées et à venir
•
l'annulation de la dette illégitime
• la socialisation de banques pour le
contrôle de crédit.
Ce sont les moyens d’une véritable transformation
sociale. Comment s’y prendre ?
Pour un gouvernement de
gauche
Ces trois grandes ruptures nécessaires pour résister au chantage
financier ne peuvent être menées à bien que par un gouvernement de gauche. Bien
que les conditions sociales et politiques d'une stratégie de convergence et de
lutte pour un tel gouvernement varient largement d’un pays à l’autre, toute
l'Europe s’est concentrée à l'été 2012 sur la possibilité pour Syriza de gagner
les élections et de constituer l'axe d'un tel gouvernement en Grèce. Depuis
cette période, Syriza mène une campagne sur les thèmes essentiels que nous
défendons dans ce manifeste: un gouvernement de gauche est une alliance pour
dénoncer le mémorandum de la Troïka et de restructurer la dette afin de
préserver les salaires, les pensions, les services publics de santé et
d'éducation et la sécurité sociale.
Notre approche est en phase avec celle
de Syriza : « pas de sacrifice pour l'euro. »
Une sortie de l'euro
n'est pas une garantie de rupture avec l’« eurolibéralisme »
Il est
évident qu'un gouvernement de gauche qui prendrait de telles mesures doit être
décidé à appliquer un programme socialiste et disposer d'un large soutien
populaire. Ce dernier ne peut être obtenu que si ce programme se fixe clairement
comme objectifs prioritaires la lutte contre les intérêts de la finance, la
reconstruction d’une économie de plein emploi et la gestion collective des biens
communs. Il ne faut pas dévier de cette stratégie : si l'annulation de la dette
est le but, on ne doit pas s'écarter de cet objectif. La cohérence et la clarté
politiques sont les conditions pour gagner - et mériter de gagner. La première
mesure d’un gouvernement de gauche doit donc être la lutte contre la dette et
l'austérité.
Pour que cette politique contre soit efficace, un gouvernement
de gauche doit s’appuyer sur un large soutien populaire et être prêt à utiliser
tous les moyens démocratiques nécessaires pour faire face à la pression des
intérêts financiers, y compris des mesures de nationalisation des secteurs
stratégiques et une confrontation directe avec le gouvernement Merkel, la
BCE et la Commission européenne. La bataille pour la défense de la démocratie et
des acquis sociaux doit être élargie au niveau supranational. Mais si la
politique de Bruxelles s'y oppose, cette bataille devra finalement être menée à
partir des cadres nationaux déjà existants. Dans cette confrontation, il ne
devrait pas y avoir de tabou sur l’euro, et toutes les options devraient rester
ouvertes, y compris la sortie de l'euro si aucune autre solution n'est possible
dans le cadre européen, ou si les autorités européennes y contraignent un pays.
Mais cela ne devrait pas être le point de départ.
Les implications d’une
sortie de la zone euro pour un gouvernement de gauche doivent être explicitées.
Premièrement, elle ne permettrait pas forcément de restaurer la souveraineté
démocratique : certes le financement du déficit public échapperait au contrôle
des marchés financiers, mais ce contrôle pourrait être exercé par la
spéculation contre la nouvelle/ancienne monnaie d’un pays qui aurait un
déficit extérieur.
Par ailleurs, la charge de la dette ne serait pas réduite.
Elle serait au contraire augmentée en proportion du taux de dévaluation, puisque
la dette est libellée en euros.
Dans ces conditions, le gouvernement serait
conduit à convertir la dette publique dans la nouvelle monnaie, ce qui
équivaudrait à une annulation partielle : il est du pouvoir d’un Etat de prendre
une telle décision, même si un conflit judiciaire international est à prévoir.
Mais les entreprises privées et les banques ne disposent pas de ce même pouvoir
souverain et par conséquent, la valeur des dettes privées et financières
augmenterait dans la monnaie nationale. Dans ce cadre, une nationalisation des
banques serait en fin de compte nécessaire tout simplement pour éviter la
faillite de tout le secteur du crédit, ce qui impliquerait une nouvelle
augmentation de la dette publique vis-à-vis de la finance
internationale.
Ensuite, la dévaluation de la nouvelle monnaie déclencherait
un processus inflationniste qui conduirait à une hausse des taux d'intérêt et à
une aggravation de la charge de la dette et des inégalités de revenus.
Enfin,
la sortie de l'euro est généralement présentée comme une stratégie visant à
gagner des parts de marché grâce à une dévaluation compétitive. Ce type
d'approche ne rompt pas avec la logique de la concurrence de tous contre tous et
tourne le dos à une stratégie de lutte commune européenne contre l'austérité.
Au total, en menant la lutte sans faire de la sortie de l'euro et de l'Union
européenne un préalable, un gouvernement de gauche pourrait augmenter ses marges
de manœuvre et renforcer son pouvoir de négociation, en s’appuyant sur la
possible extension des résistances à d'autres pays de l'UE. Il s’agit donc d’une
stratégie progressiste et internationaliste, qui s’oppose à une stratégie
isolationniste et nationale.
Pour une stratégie de rupture et
d'extension unilatérale
Les solutions progressistes s’opposent au projet
néolibéral de concurrence généralisée.
Elles sont fondamentalement
coopératives et fonctionneront d’autant mieux qu’elles seront étendues à un plus
grand nombre de pays. Par exemple, si tous les pays européens réduisaient le
temps de travail et instauraient un impôt uniforme sur les revenus du capital,
cette coordination permettrait d'éviter le retour de bâton que cette même
politique subirait si elle était adoptée dans un seul pays. Pour ouvrir cette
voie coopérative, un gouvernement de gauche devrait suivre une stratégie
unilatérale :
Les « bonnes » mesures sont unilatéralement mises en place
comme, par exemple, le rejet de l'austérité ou la taxation des transactions
financières.
Elles sont accompagnées de mesures de protection comme par
exemple un contrôle des capitaux.
Cette mise en oeuvre au niveau national de
politiques en contradiction avec les règles européennes représente un risque
politique qu’il faut prendre en compte. La réponse se trouve dans une logique
d’extension, afin que ces mesures - par exemple la relance budgétaire ou la taxe
sur les transactions financières - soient adoptées par d’autres Etats
membres.
Cependant la confrontation politique avec l'UE et les classes
dirigeantes d'autres Etats européens, en particulier le gouvernement allemand,
ne peut être évitée et la menace de sortie de l'euro ne doit pas être exclue a
priori des options possibles.
Ce schéma stratégique reconnaît que la
refondation de l'Europe ne peut pas être une condition préalable à la mise en
œuvre d'une politique alternative. Les éventuelles mesures de rétorsion contre
un gouvernement de gauche doivent être neutralisés par des contre-mesures qui
impliquent effectivement un recours à des dispositifs protectionnistes. Mais
cette orientation n'est pas protectionniste au sens habituel du terme, car elle
protège un processus de transformation sociale portée par le peuple et non les
intérêts des capitaux nationaux dans leur concurrence avec d'autres
capitaux.
C’est donc un « protectionnisme d'extension » appelé à disparaître
une fois que les mesures sociales pour l'emploi et contre l'austérité auront été
généralisées à travers l'Europe.
La rupture avec les règles de l'Union
européenne ne repose pas sur une pétition de principe, mais sur la légitimité de
mesures justes et efficaces qui correspondent aux intérêts de la majorité et qui
sont également proposées aux pays voisins. Cette orientation stratégique peut
alors être renforcée par la mobilisation sociale dans les autres pays et donc
s’appuyer sur un rapport de forces capable de remettre en cause les institutions
de l'UE. L'expérience récente des plans de sauvetage néolibéraux mis en oeuvre
par la BCE et la Commission européenne montre qu'il est tout à fait possible de
contourner un certain nombre de dispositions des traités de l'UE, et que les
autorités européennes n'ont pas hésité à le faire, pour le pire. C’est pourquoi
nous revendiquons le droit de prendre des mesures allant dans le bon sens, y
compris l'instauration d’un contrôle des capitaux et de tout dispositif
permettant de préserver les salaires et les pensions. Dans ce schéma, la sortie
de l'euro, encore une fois, est une menace ou une arme de dernier
recours.
Cette stratégie s'appuie sur la légitimité des solutions
progressistes qui découlent de leur nature de classe. Il s'agit d'une stratégie
coopérative de rupture avec le cadre actuel de l'UE, au nom d'un autre modèle de
développement fondé sur une nouvelle architecture pour l'Europe : un budget
européen élargi alimenté par une taxe commune sur le capital qui finance des
fonds d'harmonisation et des investissements socialement et écologiquement
utiles. Mais nous n'attendons pas que ce changement vienne tout seul et nous
mettons à l’ordre du jour la lutte immédiate contre la dette et l'austérité et
les justes mesures de défense des salaires et des pensions, de la protection
sociale et des services publics. Telle est notre orientation stratégique pour un
gouvernement de gauche.
--
signataires
:
Κύπρος
Stavros Tombazos
Britain
Giorgos
Galanis, Özlem Onaran
Estado español
Daniel Albarracín, Nacho
Álvarez, Bibiana Medialdea, Manolo Garí, Antonio Sanabria, Jorge Fonseca, Teresa
Pérez del Río, Lidia Rekagorri Villar (Euskal Herria), Jérôme Duval, Andreu
Tobarra, Ander Gorroño Bidaguren (Euskal Herria), Jorge Alaminosder Gorroño
Bidaguren (Euskal Herria), Jorge Alaminos, Pedro A. García
Portugal
Francisco Louçã, Mariana Mortagua
France
Gilles Orzoni, Jacques Rigaudiat, Philippe Zarifian, Gilles
Raveaud, Jacques Cossart, Nicolas Béniès, Marc Bousseyrol, Mathieu Montalban,
Samy Johsua, Catherine Samary, Dany Lang, Bruno Théret, Claude Calame,
Jean-Marie Harribey, Ozgur Gun, Patrick Saurin, Antoine Math, Pierre Khalfa,
Marc Mangenot, Jean Gadrey, Mireille Bruyère, Henri Philipson, Pierre Bitoun,
Patrick Saurin, Pierre Khalfa, Bernard Guibert, Robert Kissous, Guillaume
Etievant, Jean-Marie Roux, Jakes Bortayrou (Pays Basque), Thomas Coutrot,
Philippe Légé, Olivier Lorillu, Boris Bilia, Christiane Marty, Bertrand Rothé,
Philippe Enclos, Xavier Girard, Gérard Streletski, Christophe Pébarthe, Pierre
Cours-Salies, Yvette Krolikowski, Céline Martin, Michel Bréhier, Yann Merlevede,
Dany Lang, Chantal Frattaruolo, Yves Chassin, Martial Picot, Gustave Massiah,
Catherine Harmant, Christian ZanneMichel Bréhier, Yann Merlevede, Dany Lang,
Chantal Frattaruolo, Yves Chassin, Martial Picot, Gustave Massiah, Catherine
Harmant, Christian Zanne, Antoine Cantais, Geneviève Morenas, Jean-Michel
Hérisson, Jean-Claude Salomon, Julien Sardou , Stephen Bouquin, Joël
Marseille
Belgique België
Eric Toussaint, Pierre Vermeire, Gunter
Breugelmans, Maurice Cramers, Filip De Bodt, Eric Goeman, Herman Michiel,
Georges Spriet, Daniel Tanuro, Thomas Weyts, Helena Van der Vorst, David Dessers
Sverige
Rodolfo Garcia, Örjan Appelqvist
Nederland
Willem Bos, Corrie van Willegen
Suisse
Jean
Batou, Pierre Vanek, Juan Tortosa
Italia
Valter Erriu (Sardinya)
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