Une obsession récurrente
anime les gouvernements depuis vingt ans : réformer les
retraites. En France, le gouvernement Hollande-Ayrault projette une
quatrième réforme à l’automne prochain en raison de trois
arguments qui sont de faux prétextes : il y aurait un déficit
plus important que prévu des caisses de retraites ; on vit plus
longtemps et il faudrait travailler plus longtemps ; la
Commission européenne l’exige pour ramener les déficits publics à
3 % du PIB. Le rapport présenté par Mme Yannick Moreau propose
des solutions qui sont dans le droit fil des réformes précédentes
ayant conduit à une diminution importante du montant des pensions
sans résoudre aucun problème à long terme.
1) Les déficits
annoncés des caisses de retraite (autour de 14 milliards en 2012,
environ 20 en 2020) n’ont rien à voir
avec le vieillissement de la population, il sont dus, pour des
montants équivalents, à la crise qui bloque l’activité, l’emploi
et les cotisations sociales. Poursuivre les politiques d’austérité
ne peut qu’aggraver la situation. Les injonctions de la Commission
européenne pour accomplir des « réformes structurelles »
sont mortifères.
2) Obliger à travailler
plus longtemps, soit en allongeant la durée de cotisation, soit en
retardant l’âge de la retraite, soit par les deux moyens à la
fois, alors qu’un chômage croissant sévit, est aussi cynique
qu’absurde : comme les emplois se raréfient, ces nouvelles
obligations ne pourront être satisfaites et se solderont pour les
salariés hommes et femmes par une diminution
de leurs futures pensions, et une incitation, à
condition d’en avoir les moyens, à recourir aux assurances privées
pour s’assurer un complément de retraite. De plus, elles
s’inscrivent dans un modèle de développement productiviste arrivé
aujourd’hui dans une impasse, mais qui condamne les individus à
travailler toujours plus.
3) Les propositions du
rapport Moreau font mine d’appeler toutes les catégories à faire
des efforts, mais on voit bien que l’essentiel sera mis sur le dos
des salariés et des actuels retraités. En prétextant tendre vers
l’unification des différents régimes de retraite, notamment entre
ceux du public et du privé, ce rapport prévoit
l’alignement par le bas. Il oublie qu’avant les réformes
qui ont déjà eu lieu, à salaire identique, les retraités du
public et du privé connaissaient un taux de remplacement égal à
75 %, bien qu’obtenu par des modes de calcul différents. Il
fait aussi silence sur les véritables inégalités, notamment entre
hommes et femmes, très importantes dans la vie active, et qui sont
aggravées lors du passage à la retraite. Enfin, ce rapport fait le
silence complet sur le bond en avant des revenus du capital qui
plombent l’activité, l’investissement, l’emploi et la
protection sociale. Au bas mot, le « surcoût » du
capital pour la société se chiffre à 100 milliards d’euros de
dividendes supplémentaires par an, en comparaison avec l’époque
précédant l’ère néolibérale. Quand une véritable réflexion
sur ces données infléchira-t-elle les politiques sociales à
venir ?
Attac et la Fondation
Copernic proposeront une action collective à tous leurs
partenaires pour qu’un vrai débat de société s’amorce enfin
sur la retraite et la place du travail dans la vie.
Paris, le 11 juin 2013
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