M. Colloghan

dimanche 28 novembre 2010

Services publics et autogestion

Richard Neuville *

Trame intervention débat "services publics et autogestion" lors de la journée d'études "L'autogestion, quelle actualité politique ?" le 13 novembre à Lyon.

Dans une société autogestionnaire, les biens communs universels (eau, air, biodiversité), les biens sociaux (enseignement, santé, protection sociale, recherche, emploi) et les biens publics (énergie, transports, télécommunications) doivent échapper à toute forme de marchandisation et être socialisés, ce qui n’implique pas nécessairement la nationalisation. Quels que soient les échelons de compétences (national, régional ou local), les citoyen-ne-s, les associations, les syndicats doivent être associés pleinement aux décisions et à la gestion des entreprises ou des régies publiques.  

Assainissement et distribution de l'eau, collecte, traitement et réduction à la source des déchets, énergies renouvelables, accueil de la petite enfance ou des personnes âgées, etc., l’essentiel des services publics de proximité devra être géré par des régies publiques directes avec contrôle citoyen ou des sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC). Face à la spéculation foncière et immobilière, les communes ont un rôle actif à jouer pour renforcer la socialisation des terres et des logements. En cas de carences des communes, les citoyen-ne-s peuvent également créer des coopératives de logements, des crèches autogérées...


La transformation sociale et politique de la société implique de rompre radicalement avec les pratiques actuelles qui consistant à déléguer la gestion aux intérêts privés et à confisquer le pouvoir de décision. Le discrédit de la démocratie représentative s’explique en partie par l’opacité de la gestion publique, le refus d’entendre les mobilisations populaires (tarif de l'eau, maintien des bureaux de poste, des classes et des services hospitaliers...) et l’absence de concertation des usager-ère-s et des travailleur-se-s à tous les niveaux. A titre d’exemple, la France est le pays le plus nucléarisé du monde alors qu’il n’y a jamais eu de débat public sur les choix énergétiques.


L’autogestion pose donc les questions de la propriété, du financement, des modes de gestion et de la composition des instances de gestion des services publics, ce qui peut se résumer par la nécessité de démocratiser radicalement la démocratie.


* Collectif Lucien Collonges

3 commentaires:

  1. La réflexion que je développe depuis les années 90 me semble appartenir au courant autogestionnaire:
    http://solidariteliberale.hautetfort.com/ donne un aperçu de cette démarche.

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  2. Depuis le 1 décembre 2010, j'ai fait un petit bout de chemin et ma position a un peu évolué. Dans les années 70-80, l'autogestion a connu une forte embellie qui n'a pas embrayé sur la réalité et a été abandonnée par les politiques qui l'avaient promue. Après des discussions avec des fondateurs d'entreprises autogérées, j'ai découvert que la question "qui décide quoi et comment?" ne conduisait dans la pratique jamais à la théorie égalitariste de l'autogestion. J'ai recherché des systèmes combinant à la fois les avis de chacuns sans pour autant sacrifier la prise en compte de ce besoin de décider et j'ai abouti à une philosophie et une méthode cohérente, aussi bien en pratique qu'en théorie, il s'agit de la sociocratie. Je vous encourage vivement à découvrir cette approche des organisations.

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  3. Le cheminement se poursuit, du côté de la domestication de l'intelligence collective. Il me semble qu'une des clés de développement de l'autogestion se situe dans la maîtrise de la gestion de l'intelligence collective.

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