M. Colloghan

mardi 1 septembre 2009

Mondragon, des coopératives ouvrières dans la mondialisation

Adaptation ou contre-offensive ?
Joël Martine, Marseille, avril 2008


Première partie : une éthique, une réussite
Mondragon Corporacion Cooperativa (MCC) est une petite multinationale dont le noyau est constitué de coopératives ouvrières à Mondragon au Pays Basque espagnol. Ces coopératives, propriété de leurs travailleurs, les socios, sont fédérées en un réseau qui a ses propres institutions de financement ; et d'autre part ces fonds de financement détiennent des entreprises en tant qu'actionnaire capitaliste (certaines en joint venture avec des capitaux privés), actuellement dans 18 pays (Grande-Bretagne, Brésil, Chine, Mexique, etc.). Par exemple l'entreprise d'appareils électroménagers Fagor possède une filiale en Pologne, en France (Brandt), et au Maroc. Les principales activités de MCC sont industrielles (machines-outils, équipements automobiles, etc.) ; elle comprend aussi la chaîne de supermarchés Eroski, qui a mis en place des centrales d'achat communes avec des entreprises capitalistes européennes de la grande distribution. Au total, le groupe avait environ 25000 emplois en 1992, 81880 fin 2006, dont plus de la moitié ne sont pas des coopérateurs.


Nous examinerons d'abord les facteurs d'efficacité de la gestion en réseau, grâce à laquelle les coopératives se sont développées depuis les années 50 et ont contre-attaqué face à la concurrence sur le marché européen puis mondial, jusqu'à devenir le 7ème groupe industriel en Espagne. Ce qui est frappant dans cette expérience, c'est une combinaison de démocratie d'entreprise, de solidarité et d'efficacité économique.
Le but de cet article est de contribuer au débat sur les réponses autogestionnaires à la mondialisation, dans une première partie en soulignant les acquis de l'expérience de Mondragon, en examinant comment ils seraient transposables ailleurs, puis dans une deuxième partie en observant les effets pervers ou les insuffisances de cette expérience, qui nous amènent à réfléchir à d'autres réponses.

Un réseau d'entreprises ayant son propre système de financement
Telle est la principale clé du succès de MCC. Quelques coopératives, créées dans les années 50 à Mondragon, se sont dotées en 1959 d’une coopérative de crédit : il s'agissait de mettre les outils économiques au service de l’homme, dans un esprit d'humanisme démocrate-chrétien, qui encore aujourd'hui marque la culture du groupe. Ce qui a permis de créer d’autres coopératives. Aujourd'hui MCC possède sa propre banque, la Caja Laboral, qui est devenue l'une des premières banques d'Espagne. Grâce à cela, les coopératives ne dépendent pas du marché des capitaux. Dans les années 70 a été créé un centre de recherche technologique. Ces moyens ont été renforcés dans les années 80 pour faire face à la concurrence sur le marché européen[1]. La part de l’exportation s’est accrue. Les entreprises sont regroupées par filières d’activité. En 1991 le groupe s’est doté d’un fonds d’investissement qui peut placer ses capitaux dans des coopératives ou des entreprises capitalistes[2].


Les travailleurs co-propriétaires
Le fonctionnement du secteur coopératif de MCC n’a rien à voir avec celui d’une holding capitaliste commandée par les grands actionnaires et organisée de haut en bas. C’est l’inverse : la direction du groupe est élue par un congrès annuel des représentants de toutes les entreprises, c’est-à-dire des travailleurs puisque chaque coopérative est et reste propriété de ses salariés. C’est l’assemblée des travailleurs de l’entreprise qui définit ses orientations et élit sa direction, au suffrage égalitaire : une personne, une voix. L’assemblée des travailleurs élit aussi un Conseil Social, qui joue à peu près le rôle d’un syndicat (mais sans affiliation confédérale ; et il n'y a pas de Conseil Social central à l'échelle de l'ensemble du groupe).
Chaque travailleur possède personnellement une part du capital de son entreprise, qu’il a investie lorsqu’il est devenu sociétaire. Sur cette base il reçoit annuellement une part des bénéfices, sur laquelle il reçoit chaque mois une « avance », qui en pratique est un salaire. Une partie des bénéfices de chacun, dont le montant est décidé par l’assemblée de l’entreprise, doit obligatoirement être réinvestie dans l’entreprise. Ainsi le capital collectif augmente par augmentation de la propriété de chacun. Le reste est empoché par les individus comme intérêts de leur part de capital : c’est l’équivalent des dividendes que reçoivent les actionnaires d’entreprises capitalistes. Mais cet intérêt ne dépasse pas 7,5% ; il est donc beaucoup moins lourd pour l’entreprise que les intérêts à 14% ou plus qu’exigent aujourd’hui les actionnaires des entreprises capitalistes sous peine de « licenciements boursiers » ! D’un autre côté, l’investissement dans l’entreprise reste avantageux comparé à d’autres formes d’épargne. Bref, le sociétaire travaille pour lui et pour ses collègues, et pas pour des actionnaires extérieurs, sans compter le plaisir de faire partie d’une collectivité solidaire, ce qui, comme dans toutes les coopératives, est motivant pour fournir un travail de qualité. En plus de l’intérêt de base, les salariés sur poste de responsabilité reçoivent une participation aux bénéfices (ou aux pertes éventuelles !) plus ou moins importante selon leur niveau de responsabilité. Enfin le travailleur qui quitte l’entreprise ou part en retraite retire sa part du capital (son apport initial augmenté des dividendes capitalisés) ou la vend à d’autres sociétaires.
L’éventail salarial, initialement de 1 à 3, a été élargi afin de rester attractif pour les salariés très qualifiés et d’encadrement : actuellement il est officiellement de 1 à 6, mais on peut observer des écarts de 1 à 9, voir de 1 à 12 dans certaines entreprises[3] : cela dépend de ce qu'on appelle le niveau 1, et des revenus qu'on intègre dans le salaire, les primes par exemple. Quoi qu'il en soit les salaires ouvriers sont parmi les plus élevés de la profession localement (15% de plus que la moyenne), et les salaires des cadres sont de 30% inférieurs à ceux du privé.
Quand une coopérative est en difficulté, ses salariés-propriétaires n'hésitent pas à faire des sacrifices : ils renoncent à leurs bénéfices (ce que des actionnaires extérieurs ne feraient pas : ils préfèreraient licencier), diminuent leurs salaires, voire font des heures supplémentaires non payées. Confrontées aux aléas de la concurrence, les coopératives mettent en oeuvre une réelle flexibilité du travail, notamment la semestrialisation du temps de travail[4]. Mais les travailleurs sont gagnants, puisqu'ils maintiennent leurs emplois, ainsi que la fonction de leur entreprise dans le tissu économique local, et en fin de compte des salaires assez élevés pour les ouvriers.
Au Pays Basque, 20% des salariés des coopératives de MCC ne sont pas coopérateurs … mais ils le deviennent le plus souvent au bout de deux ou trois ans : le groupe les y incite en leur proposant une formation à la gestion.


Indépendance financière du réseau et éthique de la solidarité
Ce que les coopératives de MCC font mieux que les autres, c’est qu’une partie de leurs bénéfices est d’abord versée à un fonds inter-entreprises du groupe, qui lui va investir cet argent dans les différentes entreprises pour aider à leur développement ou les soutenir en cas de difficulté. Cela permet d’anticiper les restructurations, mieux que ne le ferait une coopérative isolée, et sans faire de dégâts humains ! Il y a aussi un fonds commun pour la formation et un pour la prévoyance sociale. C’est ce dispositif de financement qui donne aux coopératives de MCC les moyens d’être concurrentielles face aux entreprises capitalistes. La part des ressources consacrée à la recherche-développement est très élevée.
Tout cela marche grâce à une éthique de la démocratie d’entreprise et de la solidarité, qui ne s’est pas démentie depuis cinquante ans (du moins entre les coopérateurs, nous y reviendrons). Chaque fois que des postes de travail ont été supprimés dans une coopérative, les salariés ont été reclassés dans une autre. Le résultat, c’est un groupe qui développe des emplois qualifiés et qui ne laisse aucun sociétaire sur le carreau : les avantages du capitalisme sans ses inconvénients !
Aucune coopérative de MCC n'a d'actions cotées en bourse. Les entreprises en réseau sont indépendantes des marchés financiers. Les dirigeants ont des comptes à rendre aux coopérateurs qui les ont élus, et non à des actionnaires extérieurs.
Cela n'empêche pas le pragmatisme financier : la chaîne de distribution Eroski, pour obtenir les capitaux nécessaires à son développement, émet depuis 2002 des titres de participation dont la rémunération est fixe et garantie, et qui sont attractifs pour les investisseurs. Fagor en fait autant depuis 2004. Ce recours à l’investissement privé crée bien sûr une contrainte financière pour la coopérative, mais ne met pas en danger son autonomie, les investisseurs extérieurs n’ayant pas de pouvoir sur la gestion de l’entreprise. Est donc préservé le principe selon lequel le capital est un moyen au service de l’entreprise et de ses travailleurs, et non l’inverse.


Solidarité et développement local
D'autres facteurs contribuent à expliquer la réussite du réseau coopératif de Mondragon : d'abord son enracinement dans une population aux fortes traditions de solidarité et de résistance fondées sur l'identité nationalitaire basque. D'autre part une idéologie fervente, celle du personnalisme chrétien et de la participation démocratique des travailleurs. On peut en tirer la leçon que le succès d'un réseau coopératif et le maintien de son éthique dépendent de son insertion dans un tissu de liens sociaux, un vivre-ensemble dans un territoire, et de sa relation avec un projet collectif à l'échelle de ce territoire[5]. L'éthique coopérativiste de Mondragon est en fait pour une bonne part vécue sur le mode d'une solidarité de proximité, et trouve son sens dans une idéologie qui combine le catholicisme social et le nationalisme basque.
MCC participe au développement local en concertation avec les pouvoirs publics basques et finance des oeuvres sociales. Alors que le taux de chômage est d’environ 11% en Espagne et 7% au Pays Basque, il n’est que de 3% dans la zone de Mondragon ! Cette expérience montre qu'un réseau de coopératives peut être un élément fondamental du dynamisme du tissu économique local, et donc de sa résistance dans le contexte de la mondialisation[6]. N'ayant pas d'actionnaires extérieurs, les coopératives non seulement ne sont pas « opéables », mais tiennent compte, dans leur stratégie, des intérêts de la population locale. La démocratie d'entreprise appuie et concrétise la démocratie locale.
Il y a là une synergie dont l'un des instruments pourrait être des entreprises en SCIC, mais cette possibilité n'a pas été explorée dans l'expérience de Mondragon. Il existe en France la formule SCIC, Société Coopérative d'Intérêt Collectif : une coopérative dont l'objet est une mission de service public, avec un cahier des charges défini par les pouvoirs publics, peut bénéficier d'aides publiques en échange ; et surtout elle peut avoir la forme d'une entreprise mixte : une part du capital est propriété coopérative des salariés, une autre part est détenue par une collectivité publique, éventuellement aussi par une entreprise privée. Cette formule juridique très souple permet d'associer différents acteurs du développement local. A ma connaissance les pouvoirs publics basques n'ont pas mis en place un statut d'entreprise de ce type et MCC ne l'a pas non plus proposé.
Quoi qu'il en soit, l'expérience de Mondragon reste exemplaire.


Mondragon fait rêver.
Réseau de coopératives, fonds public de financement, projet politique.

Chaque année nous voyons fermer des entreprises pourtant viables, et utiles dans le tissu local, pour la seule raison que les actionnaires demandent le maximum de profit. Un réseau comme celui de Mondragon pourrait proposer aux équipes de salariés menacés par les « licenciements boursiers » de sauver leur emploi en montant une coopérative. Ce n’est pas le choix de MCC : pour eux, le premier critère pour fonder un établissement est sa complémentarité industrielle dans la stratégie de développement du groupe. Mais ce serait sans doute possible, s’il y avait aussi la volonté politique de collectivités locales et l’engagement de banques coopératives existantes.
On pourrait donc imaginer un réseau qui développerait une alternative aux règles du jeu capitalistes. Cela permettrait que l’économie alternative et solidaire ne reste pas cantonnée à des activités peu rentables et au créneau de l’insertion.
Dans cette optique il vaudrait mieux que le fonds de financement interentreprises soit un service public, plutôt que d’appartenir à un groupe industriel en concurrence avec d’autres[7]. Comme on l'a vu récemment en Argentine, en situation de crise du capitalisme de nombreuses entreprises peuvent être reprises par leurs travailleurs. Avec l'aide d'un fonds public d'investissement ces entreprises pourraient constituer un secteur économiquement efficace qui deviendrait un agent actif de transformation de la société.
Une alternative macro-économique au capitalisme ne doit pas être pensée comme une utopie pour un avenir indéterminé, mais comme une utopie concrète que l'on peut construire dans le présent, avec des outils qui existent déjà :
- un secteur de la propriété coopérative,
- des services publics et des entreprises publiques dont il faudrait démocratiser la gestion[8],
- une activation de la démocratie locale et participative,
- des pouvoirs politiques de gauche aux niveaux national, régional, international,
- des syndicats qui non seulement défendent les intérêts des travailleurs en tant que salariés, mais luttent pour leur participation à la gestion dans un esprit de solidarité, aussi bien dans les coopératives, dans les services publics, et dans les entreprises capitalistes.


MONDRAGON,
DES COOPERATIVES OUVRIERES DANS LA MONDIALISATION :
Adaptation ou contre-offensive ?

Deuxième partie : problèmes et perspectives

Dans la première partie de cet article nous avons vu ce que des coopératives ouvrières en réseau peuvent apporter à un projet de démocratie économique et sociale. Or cette démarche doit faire face à des problèmes concrets dans le contexte de mondialisation néolibérale. L’expérience de Mondragon permet de mieux voir certains de ces problèmes (quand bien même ses dirigeants ne prétendent pas proposer une alternative à la mondialisation). C’est ce que nous examinerons dans la deuxième partie de cet article.


Hiérarchie sociale et démocratie d’entreprise
A Mondragon, comme dans la plupart des autres entreprises, il y a des managers et des exécutants, donc des rapports de pouvoir. C'est la division technique du travail qui rend ces rapports de pouvoir inévitables. Déjà Aristote l'avait remarqué, il en faisait un argument justifiant l'esclavage, et aujourd'hui le même raisonnement sert à justifier les inégalités de pouvoir et de revenu générées par le capitalisme : la citoyenneté démocratique et l'égalité s'arrêtent à la porte de l'entreprise capitaliste. Or dans les coopératives on met en place des contrepoids à cette hiérarchie. Les dirigeants sont élus. Dans certaines coopératives (pas spécialement à Mondragon) ils sont tournants. Enfin les exécutants reçoivent une formation pour pouvoir contrôler les dirigeants, voire devenir eux-mêmes dirigeants. Il n'empêche qu'une hiérarchie existe. Elle se traduit à Mondragon par une hiérarchie des salaires et des participations aux bénéfices, ce qui est justifié pour encourager chacun à améliorer sa formation et empêcher la fuite des cerveaux. La copropriété des travailleurs et la gestion démocratique ne suppriment pas les classes sociales. Il y a eu une grève dans les années 70 sur l’organisation du travail. Il y a des plaintes contre la rétention d'informations par les managers, des contestations sur les pouvoirs accordés au « Conseil Social », et bien sûr aussi sur l’éventail des salaires. Et surtout, parmi les dirigeants de MCC, ceux du pôle financier détiennent un pouvoir stratégique. Leur position de classe est un peu comparable à celle des dirigeants des fonds de pension : même s'ils sont élus par des travailleurs copropriétaires du capital, ce sont eux qui ont le pouvoir de décision sur les investissements, notamment au niveau international. Ces dirigeants sont en concurrence avec les capitalistes privés, mais aussi dans une certaine mesure en connivence, par le biais des joint ventures. L’émission d’actions cotées en bourse a été envisagée en 1992, mais n’a pas été mise en pratique[9]. Bref, la conflictualité n’a pas disparu ; mais elle est canalisée dans un contrat fondamental de solidarité : les dirigeants, même s’ils possèdent plus de capital et de pouvoir que les ouvriers, n’ont pas le pouvoir de nuisance qu’auraient des actionnaires extérieurs capables de retirer leur capital d’un jour à l’autre. En cas de conflit chaque partie a intérêt à trouver des solutions qui profitent à l’ensemble des sociétaires.
Les dirigeants de MCC font partie de l'establishment politique et économique basque, espagnol, et international. Si la mission sociale des coopératives n'est pas revivifiée, par la reconquête de pouvoirs concrets par la base, et par des projets politiques et des liens de solidarité avec les travailleurs des autres secteurs et les citoyens, les travailleurs perdront tout contrôle sur les décisions des dirigeants, et ces derniers n'agiront plus qu'en vue de la rentabilisation du capital qu'ils dirigent, comme on l'a vu souvent, par exemple dans l'évolution du mouvement mutualiste français. Dans ce cas l'expérience de Mondragon aura servi principalement à renouveler les formes de propriété du capital et de gestion du travail. L'autogestion, initialement un moyen de résistance à la dépossession des travailleurs, sera devenue un moyen de s'adapter aux conditions du marché capitaliste.


Les effets de la gestion coopérative sur les travailleurs non-coopérateurs dans le bassin d'emploi de Mondragon
L’existence d’une offre d’emplois en coopératives oblige les autres entreprises à proposer des salaires ouvriers relativement élevés[10]. De plus le dynamisme des coopératives a un effet d’entraînement sur l’ensemble des entreprises : comme on l’a vu, le taux de chômage à Mondragon est faible. Mais les emplois chez les sous-traitants des coopératives sont souvent flexibles et précaires.
Les coopératives ont aussi leurs emplois précaires : les eventuales (contrats à durée déterminée) et les intérimaires. Ils sont un peu des salariés de seconde zone, non citoyens dans les coopératives.
Au total dans le bassin d’emploi, on note une forte proportion d’emplois précaires pour les jeunes, puis, après 35 ans, l’accès à des emplois stables pour une grande partie des travailleurs[11]. Enfin les femmes sont plus souvent en emploi précaire que les hommes.
Il y a objectivement une division et une hiérarchie entre les coopérateurs, actionnaires de leur entreprise, et les autres travailleurs qui leur servent de « variable d’ajustement ». Toutefois cette division est atténuée par la solidarité locale, notamment familiale, et citoyenne basque. Mais comme on le voit ces liens sociaux traditionnels peuvent entretenir des inégalités entre les sexes, les générations, les travailleurs diversement qualifiés. Pour combler ce fossé, on pourrait imaginer que les travailleurs intermittents ou flexibles soient d’abord embauchés avec un statut non-précaire par un service public (une bourse du travail) qui les placerait en intérim dans les entreprises et leur assurerait un salaire régulier par péréquation ; ou encore (pour ne pas risquer de créer une « usine à gaz » bureaucratique) on pourrait souhaiter qu’ils se regroupent eux-mêmes en coopératives de travailleurs intérimaires louant leurs services aux autres entreprises.
Enfin les syndicats pourraient incarner la solidarité entre l’ensemble des travailleurs, en défendant en commun les conditions de travail, les rémunérations et les droits autogestionnaires des coopérateurs et des simples salariés. Or à MCC les socios n’ont pas le droit d’être défendus par des syndicats, mais seulement par le Conseil Social de leur entreprise. Et si les salariés non sociétaires des coopératives ont formellement le droit de se syndiquer, ils ne le font pas, semble-t-il de façon à ne pas entrer en conflit avec leurs collègues sociétaires, par lesquels ils espèrent être cooptés ultérieurement.
En somme, l’accès au statut de coopérateur, s’il représente une avancée pour les travailleurs, peut aussi, paradoxalement, être un facteur de division, qu’il faudrait surmonter[12] ; nous y reviendrons.


La responsabilité sociale internationale des coopératives
En 2005, l’entreprise d’électroménagers Fagor achète Brandt. En 2006 la direction de Fagor-Brandt annonce un plan de restructuration prévoyant 360 suppressions d'emploi. Les syndicats de Brandt ont protesté. Certains sont allés distribuer un tract à Mondragon aux travailleurs qui sont indirectement leurs actionnaires. Le nombre des suppressions d'emploi a été ramené à une centaine[13].
Comme on le voit, le choix de MCC de construire une multinationale a des conséquences sociales redoutables. Comme les bénéfices de Fagor dépendent de ses parts de marché international, elle devait acheter Brandt pour s’approprier une marque connue des consommateurs, des réseaux commerciaux, des brevets, et incidemment des sites de production et de recherche … et surtout pour empêcher que tout cela ne tombe aux mains d’un concurrent. Mais que faire des salariés ? Fagor met en place une division du travail entre Mondragon, la Pologne, la France, le Maroc, etc., sans proposer une convergence « vers le haut » des droits et des conditions de travail. Dans cette division du travail les salaires français sont une charge plus lourde que les salaires polonais et marocains, et les bureaux de recherche à l’étranger font un peu double emploi avec ceux de Mondragon … Mais comment « restructurer » ces secteurs en évitant les dégâts sociaux? Et qui décide? Sur ce point les coopérateurs de MCC appliquent aux filiales étrangères précisément le principe qu'ils refusent pour eux-mêmes : le maintien du pouvoir de décision entre les mains d'actionnaires extérieurs (… à des centaines de kilomètres). Si bizarre que cela puisse paraître, l'éthique humaniste qui est à la base de la pratique des coopérateurs de MCC ne les a pas empêché de violer l'un des principes universels de l'éthique : « ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse »!


La construction d'un réseau multinational de coopératives est-elle possible[14]?
On peut se demander pourquoi MCC n’a pas entrepris de transformer les filiales en coopératives, alors qu’il existe dans différents pays des formules juridiques le permettant, ainsi que des mouvements coopératifs qui pourraient aider à la formation des travailleurs. Dans cette perspective MCC ouvrirait une nouvelle étape de son histoire audacieuse en se transformant en un réseau multinational de coopératives.
Quand on pose cette question aux responsables de MCC, ils mettent en avant deux obstacles :
- d'une part l’insécurité juridique en l'absence d'un statut européen (à fortiori international) pour un réseau de coopératives de travailleurs.
- D'autre part l'absence d'une culture coopérativiste actuellement chez les salariés des filiales.
Il est vrai que le passage en coopérative supposerait un engagement de la part des travailleurs des filiales, auquel ils ne sont pas prêts d'emblée. Il faut une formation à la gestion et une culture de la solidarité, … dont l'acceptation de rémunérations moindres par les cadres. Et tout cela suppose des relations de confiance, qu'il est difficile de mettre en place à des centaines de kilomètres de distance. La solidarité locale basque, terreau du coopérativisme de Mondragon, a rarement son équivalent à l'étranger.
Cela dit, des solutions intermédiaires existent. Par exemple, à Basauri, près de Bilbao, Fagor a transformé sa filiale Edesa-Fabrelec en semi-coopérative : 51% du capital est détenu par Fagor, 49% par les travailleurs de l'entreprise.
Des solutions de ce genre permettraient de mettre en place progressivement un contrat de confiance entre MCC et les travailleurs de ses filiales, de responsabiliser les salariés vis-à-vis de l'avenir du groupe, et réciproquement de responsabiliser MCC vis-à-vis de l'emploi, des conditions de travail et des revenus de ces travailleurs. Ce qui poserait les bases pour un passage ultérieur éventuel en coopérative. Depuis 2003 MCC étudie la possibilité de faire participer les salariés non-coopérateurs à la propriété et à la gestion des entreprises.
Autre approche envisageable : il existe depuis 2006 un statut de Société Coopérative Européenne, qui certes ne prévoit pas qu’une coopérative ouvrière soit présente sur plusieurs pays, mais qui permet que des entreprises de plusieurs pays européens (et pourquoi pas des coopératives ouvrières) créent une filiale commune de statut coopératif. Ce bricolage juridique pourrait être un premier pas vers une mise en réseau de coopératives ouvrières à l’échelle européenne. Mais ce n’est économiquement envisageable qu’entre des entreprises ayant déjà une complémentarité technique ou commerciale.
La question est de savoir si les dirigeants de MCC souhaitent chercher des solutions dans le sens de la transformation des filiales en coopératives, ou s'ils se satisfont du fonctionnement actuel en multinationale capitaliste. Par exemple on pourrait se demander si MCC s'est engagée dans un lobbying auprès des institutions de l'Union Européenne en vue d’un statut juridique européen pour les groupes de coopératives de travailleurs.
Le défi, c’est qu’alors les dirigeants devraient, par étapes, partager leur pouvoir avec des managers étrangers qui auraient des comptes à rendre à des travailleurs d’autres cultures, enracinés dans d’autres territoires. C’est peut-être ce qui fait peur aux dirigeants basques de MCC, non tant pour leur pouvoir personnel que pour la cohérence opérationnelle du groupe. Il faudrait en effet que ces dirigeants dépassent le contexte de leur sociabilité basque d’origine (sans en perdre la richesse) et traduisent l’acquis de leur expérience dans une pensée globale et pluriculturelle. Or cela est possible car il existe à l’échelle mondiale des institutions universitaires qui étudient et comparent les expériences coopératives, et s’intéressent à Mondragon avec une grande sympathie. (Quant à l’appui que pourraient apporter des institutions de l’ONU, il reste pour l’instant purement hypothétique[15] !)
On peut se demander si les animateurs actuels de l’expérience de Mondragon souhaitent vraiment appliquer leur humanisme tant philosophique que pragmatique à l’échelle internationale ... ou si à l’inverse ils restent essentiellement motivés par la position qu’ils occupent dans le secteur démocrate-chrétien de l’establishment politique et économique basque. Si c’est le cas l’exemplarité autogestionnaire de MCC restera confinée au Pays Basque sans dessiner d’alternative au niveau international, à moins qu’une aspiration au passage en coopérative n’apparaisse chez les travailleurs des filiales étrangères.
L'organisation en réseau multinational est-elle une perspective viable pour les coopératives aujourd'hui, permettant leur pérennité dans le contexte de la mondialisation[16] ?
On pourrait imaginer des multinationales coopératives qui intégreraient les pratiques du commerce équitable, sous le contrôle d’organismes indépendants, et avec libre expression de leurs travailleurs, leurs fournisseurs, leurs clients. Cela supposerait une très forte culture de solidarité internationale.
De même, pour que les travailleurs de toutes les filiales, y compris celles des pays pauvres, puissent peser réellement sur les orientations d’une multinationale (coopérative ou même capitaliste), il faudrait que les filiales des régions pauvres ne soient pas condamnées à des travaux de bas niveau, mais bénéficient d’une reconnaissance de leurs savoir-faire et de transferts de technologie, chose difficile à imposer sans une forte solidarité syndicale.
Pour pouvoir assurer de bons standards sociaux aux travailleurs de ses filiales (sans compter ceux de ses fournisseurs et de ses sous-traitants) dans les conditions de la concurrence mondiale actuelle, un réseau de coopératives aurait besoin d'une surface financière suffisamment large. D'où la nécessité d'un fonds d'investissement public des coopératives, dont la mise en place suppose un projet politique à l'échelle des institutions politiques nationales ou régionales, et internationales.
Par ailleurs l'expérience montre qu'un réseau de coopératives doit pouvoir s'appuyer sur une base territoriale solide, ce qui là encore pose le problème du lien entre construction des coopératives et politiques de développement local, avec notamment la nécessité de maintenir un fort secteur d'activités non délocalisables.
Concrètement, pour la plupart des coopératives, la mise en réseau sur la base d'une proximité territoriale est plus accessible et plus vitale que le projet d'un réseau développant une activité multinationale. Cette situation pourrait changer avec des régimes politiques d'orientation altermondialiste.


Annexe :
Quel rôle pour le syndicalisme? Unité des travailleurs et transformation sociale

L'expérience de Mondragon montre que les coopératives en réseau peuvent être un formidable outil d'appropriation de l'économie par les travailleurs dans l'entreprise, ainsi que par la collectivité au niveau du développement économique local. Il faudrait donc que les syndicats mettent sérieusement dans leurs objectifs le passage des entreprises en coopérative, et l'accès des travailleurs à une formation pour que cela soit possible.
Et à partir du moment où existent des coopératives, un projet de transformation sociale doit penser l'articulation entre l'action de travailleurs copropriétaires de coopératives, et celle de salariés d'entreprises privées, ainsi que d'entreprises publiques ou du tiers secteur.
Cela suppose que les syndicats ne restent pas enfermés dans leur rôle de défenseurs et d'intermédiaires des salariés dans le cadre du rapport salarial capitaliste. Ils doivent plutôt se définir comme défenseurs de tous ceux qui vivent de leur travail (qu'ils soient propriétaires de leur entreprise, comme le sont les paysans et les artisans, ou encore les micro-entrepreneurs pauvres de l'économie informelle - ou qu'ils soient salariés) ; défenseurs des travailleurs en particulier contre la puissance du capital, qu'elle s'exerce par un commandement direct comme c'est le cas dans l'entreprise privée, ou qu'elle s'exerce indirectement par les conditions du marché. Le rôle principal des syndicats serait alors d'incarner la solidarité du monde du travail sous ses divers statuts. Les syndicats doivent également se définir comme promoteurs de la citoyenneté économique des travailleurs, dans la cité et dans l'entreprise, citoyenneté qui se décline différemment selon que cette entreprise est ou n'est pas un service public, et selon qu'elle est privée, publique, ou coopérative.
Cela suppose que, contrairement à ce qui se pratique à MCC, les coopérateurs aient le droit de se syndiquer et bénéficient d'une représentation syndicale, qui n'a pas la même fonction que leur représentation en tant que copropriétaires.


Dans cette optique l’une des tâches importantes du syndicalisme est de promouvoir la responsabilité sociale des entreprises.
Toute entreprise doit être tenue pour responsable à l'égard de plusieurs catégories d' « ayant-droit » :
- ses salariés, bien sûr ; mais aussi :
- ses financeurs : les actionnaires si elle en a (car il est bon, tant du point de vue de la rigueur économique que pour rallier les classes moyennes locales à un projet de développement solidaire, de considérer l'actionnaire comme un épargnant qui prend un risque pour lequel il a droit à rémunération, nonobstant les autres ayant-droits de l'entreprise), les fonds publics si c'est le cas (donc les contribuables), les coopérateurs co-propriétaires si c'est le cas ;
- ses fournisseurs et sous-traitants ; c'est le principe du commerce équitable ;
- ses clients, notamment au niveau de la qualité des produits et de l'information ;
- les collectivités locales dont elle fait partie : c'est très important dans une perspective de développement local en liaison avec les pouvoirs publics, les élus et les associations ;
- enfin l'environnement et les générations futures.


Le principe de responsabilité sociale de l'entreprise est fédérateur : il légitime moralement les syndicats à intervenir, en partant de ce que vivent les travailleurs, sur la stratégie et les pratiques des entreprises, qu’il s’agisse d’entreprises individuelles ou familiales, ou privées capitalistes, ou de coopératives … et c’est encore le même langage qui peut être tenu dans les entreprises ayant en charge un service public (ces dernières ayant bien sûr une responsabilité sociale très importante vis-à-vis de leurs ayant-droit !).
Avec cette approche, le fondement du syndicalisme n'est plus le salariat, mais le travail et l’utilité sociale du travail : tout en continuant à défendre le salarié, le syndicalisme affirme les droits et devoirs du travail en général, ce qui bien sûr débouche sur la remise en cause de l'hégémonie du modèle de l'entreprise capitaliste et du salariat[17].
Avec le principe de la responsabilité sociale des entreprises, le syndicalisme évite de s'enfermer dans des dilemmes tels que le refus de la cogestion ou son acceptation aux conditions dominantes, ou encore une pratique revendicative à dominante corporatiste dans les services publics. La défense de la responsabilité sociale des entreprises pourrait être l’un des apports importants du syndicalisme à la définition d’une citoyenneté concrète, car cette responsabilité sociale incombe à tous les acteurs de l'entreprise : aux patrons et aux managers en premier lieu, mais aussi aux salariés, qui de ce point de vue doivent s'affirmer comme des citoyens majeurs.




BIBLIOGRAPHIE
Aucunement exhaustive, cette liste présente des documents que nous avons trouvés fondamentaux pour comprendre les acquis de l’expérience de Mondragon et les problèmes concrets qu’elle pose.


- Site : http://www.mondragon.mcc.es/ .
- William Foote WHYTE, Kathleen King WHYTE, Making Mondragon, Cornell University, ILR Press, 1988, 1991. Ouvrage de référence, réalisé avant le grand essor international de MCC.
- Sharryn KASMIR, The Myth of Mondragon, State University of New York Press, 1996 ; El Mito de Mondragon, Editorial Txalaparta, Tafalla, 1999. Approche ethnologique, et problèmes politiques du mouvement ouvrier.
- Jabier LERTXUNDI, La Tecnocracia en MCC, el Opus Dei y el PNV, éd. Basandere Argitaletxea, 2002. Livre très polémique, des interprétations parfois unilatérales, mais cite des faits intéressants et envisage les coopératives dans un projet de société socialiste.
- Jacques PRADES, L’énigme de Mondragon. Comprendre le sens de l’expérience, revue RECMA, n°296, 2005. http://www.univ-cefi.fr/IMG/pdf/Prades.pdf .
- Anne ARGOUSE, Hugues PEYRET, Les Fagor et les Brandt, 2007, très bon film documentaire sur le coopérativisme et la mondialisation. DVD disponible chez antoinemartinprod.com .
- Lontzi AMADO-BORTHAYRE, La construction de la revendication syndicale dans une entreprise coopérative (titre provisoire, 2007), travail en cours à l’IEP de Bordeaux. Informations récentes sur Fagor.
- THOMPSON, D. J., Italy's Emilia Romagna : Clustering Coop Development, revue en ligne Cooperative grocer 109, novembre-décembre 2003 : http://www.clcr.org/publications/other/emilia%20romagna%20by%20david%20thompson%20110604.pdf .
- Isabelle HALARY, Le réseau : une solution pour les coopératives face à la globalisation, CERAS-LAME-OMI, Université de Reims, traduction de : « Co-operatives in Globalization : The Advantages of Networking » in Advances in the Economic Analysis of Participatory and Labor-managed Firms, volume 9, Elsevier, janvier 2006. Comparaison entre Mondragon, l’Emilie-Romagne, et le réseau Scop Entreprises en France : http://www.espaces-marx.eu.org/spip.php?article123 .
- Joël MARTINE, Pour un secteur de la propriété sociale, viable dans l’environnement économique actuel : http://joel.martine.free.fr/, rubrique alternatives économiques, et dans Le Socialisme de marché à la croisée des chemins, dir. Tony ANDREANI, éd. Le Temps des cerises, 2004 ;
- Anjel Mari ERRASTI AMOZARRAIN, « Modelos de empresa multinacional
democrática o cooperativa », Cuadernos de Gestión Vol. 4. N.º 2, 2004, p.13-29 : http://www.ehu.es/cuadernosdegestion/documentos/422.pdf .
- Organisation internationale des Coopératives de Production Industrielle, d’Artisanat et de Services, Déclaration mondiale sur le travail associé coopératif, 2005 :
http://www.cecop.coop/IMG/pdf/Declaration_approved_by_ICA_FR.pdf .
[1] En Italie dans la région d’Emilie-Romagne des centaines de coopératives fonctionnent en réseau en commun avec des PME non-coopératives. Comparé à MCC, ce réseau est moins centralisé, et en lien plus étroit avec les pouvoirs publics.
[2] Voir Kasmir, The Myth of Mondragon, p. 181. Ce fonds pourrait statutairement accueillir des actionnaires privés, mais ne le fait pas.
[3] Voir Prades, L’Enigme de Mondragon.
[4] Concernant l’organisation du travail, elle est chez Fagor très taylorienne : les gestes de travail sont rigoureusement contrôlés et les cadences sont dures. Cette pression sur le travail est rendue nécessaire par la concurrence : Fagor est quinze fois plus petit qu’Electrolux et onze fois plus petit que Whirpool (Mendizabal Etxabe A, Begiristain Zubillaga A, et Errasti Amonzarain A, « Deslocalizaciones y empleo cooperativo. El caso de FAGOR Electrodoméstico, S. Coop », CIRIEC, Valencia, p. 253, référence indiquée par Lontzi Amado-Borthayre) ; ces concurrents réalisent de plus grandes économies d’échelle, imposent des prix plus bas à leurs fournisseurs, et profitent davantage des pays à bas salaires. En revanche, chez Irizar, une coopérative de MCC qui fabrique des autobus et possède des entreprises dans plusieurs pays du Sud, il y a des ateliers qui organisent leur travail de façon autonome : voir Luxio UGARTE, ¿Sinfonía o Jazz?: Koldo Saratxaga y el modelo Irizar, un modelo basado en las personas, éd. Granica, Barcelone, 2004.
[5] Voir Prades, L’Enigme de Mondragon.
[6] Même constatation en Emilie-Romagne : D.J. Thompson fait état d’un taux de chômage de 4%.
[7] Sur ce débat, voir J. Martine, Pour un secteur de la propriété sociale, viable dans l’environnement économique actuel, et surtout Tony Andréani, Le Socialisme est (à)venir, éd. Syllepse, 2004, tome 2, p.257.
[8] Sur les entreprises publiques, voir Yves Salesse, Réformes et révolution, éd. Agone, 2001 ; Tony Andréani, Le Socialisme est (à)venir, tome 2 ; voir aussi le site Vivent les Services Publics : http://www.v-s-p.org/ .
[9] Voir Lertxundi, p.102-103 et Kasmir, p.181.
[10] Il y a à Mondragon quelques entreprises privées qui, s’inspirant des coopératives, associent les salariés à la gestion. Ce n’est pas le cas semble-t-il dans le secteur public et les services publics.
[11] Voir I. Pradales, Estructura social del empleo en la CAPV, ed EJ-GV, Vitoria-Gasteiz, 2005, p.364, référence indiquée par Lontzi Amado-Borthayre.
[12] Eroski propose à ses salariés non-sociétaires d’acheter des actions d’une société financière créée à cet effet, Gespa (« Gestion de Participations »), qui participe au capital d’Eroski. Ces salariés actionnaires élisent des représentants, à la direction de Gespa, où ils ne peuvent pas représenter plus de 50%. Ils ne sont donc pas intégrés de plein droit à la gestion concrète de leur entreprise. Il s’agit d’une participation capitalistique, ni syndicale ni autogestionnaire. Voir Daniel CÔTÉ, Les holdings coopératifs : évolution ou transformation définitive, De Boeck Université, Bruxelles, 2001, p. 363.
[13] Voir en bibliographie le documentaire Les Fagor et les Brandt.
[14] Voir - Anjel Mari ERRASTI AMOZARRAIN, Modelos de empresa multinacional democrática o cooperativa. - Confédération européenne des coopératives de production et de travail associé, des coopératives sociales et des entreprises participatives (Cecop) : http://www.cecop.coop/ .- Revue Alternatives Economiques , Dossier Web n°29 : Comment entreprendre autrement , Août 2007, dernier paragraphe : Les coopératives de salariés en Europe : http://www.alternatives-economiques.fr/les-societes-cooperatives-ouvrieres-de-production--scop-_fr_art_350_27913.html .
[15] mais on en parle : voir bibliographie : Déclaration mondiale sur le travail associé coopératif, 2005.
[16] Il peut arriver que les salariés d’une multinationale aient l’occasion et les moyens de racheter leur entreprise.
[17] Voir Marc FLEURBAEY, Capitalisme ou démocratie ?, éd. Grasset, 2006.

1 commentaire:

  1. Je vous invite à lire ce commentaire à l'adresse : [http://www.grosjean-philippe.eu/spip.php?article109] sur les coopératives de Mondargon, et à examiner le concept de "firme démocratique" sur ce WIKIPEDIA DE L'INVESTARIAT à l'adresse [http://www.grosjean-philippe.eu/spip.php?rubrique28].

    Bien cordialement.

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