mercredi 30 avril 2025

4e année de lutte pour les ex-GKN à Florence

Par Richard Neuville

Le 9 juillet 2021, les 422 travailleur-se-s sont informé-e-s de leurs licenciements par courriel. Ils produisaient des arbres d'essieu pour l'industrie automobile. En 2018, GKN était rachetée par un fonds financier britannique, Melrose, qui n'eut d'autres objectifs que de liquider l'activité. Le jour même, les travailleur-se-s décident d'occuper l'usine. Ils/elles sont soutenu-e-s par tout un territoire. Depuis, l'assemblée permanente se poursuit en empruntant la devise historique toscane « INSORGIAMO » (Nous nous insurgeons).

 

La FIOM (CGIL) saisit le tribunal de Florence qui suspend les licenciements. Mais la multinationale refuse une reprise du travail, tout en payant les salaires. En décembre 2021, les travailleur-se-s présentent un plan de redémarrage de l'usine « Un pôle public pour la mobilité durable », revendiquant une nationalisation.

En réponse, un ancien conseiller de GKN annonce reprendre l’usine et rechercher des investisseurs. Ce qui ressemble à une victoire s'avère un leurre. Le repreneur n'a aucun plan commercial. Il s'agit ni plus ni moins d'une stratégie pour fermer l'entreprise. En août 2022, il devient clair que cette proposition n’a d’autre but que de jouer l'usure. Près de la moitié des travailleur-se-s est déjà partie.

L'absence d'intervention publique conduit les travailleur-se-s à envisager un plan de reconversion écologique incluant une récupération en autogestion de l’usine. Il prévoit la production de véhicules légers comme les Cargo-Bike, de l’électricité, de panneaux photovoltaïques et de batteries sans recours à l’extractivisme.

L’occupation permanente de l’usine empêche à la fois la délocalisation de l’usine, le pillage des équipements et la menace de la spéculation immobilière. Les travailleur-se-s créent une société mutuelle d’entraide des travailleurs « SOMS Inorgiamo » et envisagent une coopérative ouvrière. Ce projet de réindustrialisation par le bas, profondément orienté vers la durabilité, bénéficie d'un soutien important, y compris international. Une campagne de crowdfunding permet de récupérer 1 million d'euros.

Suite à cette mobilisation, la région de Toscane décide le 12 mars 2025 la constitution d'un Consortium industriel public permettant la réindustrialisation de la plaine florentine. 

Début avril 2025, la troisième procédure de licenciement prend fin, liquidant une histoire industrielle automobile de 70 ans. Sans salaire depuis janvier 2024, les travailleur-se-s luttent encore pour faire vivre une usine « socialement intégrée » basée sur la coopération, le mutualisme, le lien avec le territoire et la reconversion écologique.

Plus d'infos : INSORGIAMO

Article rédigé pour la Lettre d'ENSEMBLE ! n°149 - 1er Mai 2025

La Lettre d'ENSEMBLE ! 

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