En hommage aux femmes révolutionnaires du monde arabe, le FSM s’est ouvert ce 26 mars 2013 par l’Assemblée des femmes. L’amphithéâtre qui les accueillait n’avait pas assez d’espace pour contenir l’énergie de toutes ces femmes et hommes venant des quatre coins du monde. Plus de 3000 personnes y ont exprimé leurs revendications, mobilisations et enthousiasme. Des drapeaux, des pancartes, des foulards mais aussi de nombreux t-shirts emplis de couleurs laissaient présager de la multiplicité des luttes menées par toutes ces femmes réunies ce matin-là à Tunis.
Quelques porte-paroles de mouvements de femmes en Tunisie ont
remercié les participant-e-s pour leur solidarité qui les renforce et
les ressource. Face à une situation très complexe pour les femmes dans
ce pays, ces militantes ont rappelé que les tunisiennes sont toujours en
lutte, qu’elles sont mobilisées et seront un rempart effectif face aux
contre-révolutions. Le mouvement des femmes en Tunisie se structure
actuellement autour de la lutte contre la féminisation de la pauvreté,
contre les déstructurations sociales résultant des politiques imposées
par la BM et le FMI, elles refusent les violences faites aux femmes,
véritable arme destinée à leur faire quitter l’espace public et
politique et s’opposent aux nouvelles Constitutions qui ne prennent en
considération ni leurs revendications, ni leurs réalités et encore moins
leurs droits. En réponse à la globalisation des attaques, elles
invitent les femmes à renforcer l’internationalisation de leur
solidarité. Enfin, elles nous ont quitté en délivrant un message fort et
courageux face à la montée des menaces sur les mouvements progressistes
aujourd’hui en Tunisie : « Oui nous mourrons, mais nous n’aurons de
cesse que lorsque nous aurons déraciné Ennahda ! » (Parti politique tunisien islamique actuellement au pouvoir) .
Tandis qu’en Palestine les femmes subissent la double oppression du
gouvernement d’Israël et de l’Islamisme, couplée à des violences
multiformes, quotidiennes et l’obligation de porter le voile, en Égypte
des femmes se sont publiquement coupé les cheveux sur la place Tahrir
pour montrer leur opposition à la régression de leurs droits sociaux et
politiques dans les nouvelles Constitutions, alors qu’elles étaient le
cœur même de la révolution.
De la Tunisie à la Palestine, de la Libye à la Syrie, les femmes du
monde arabe sont unies et exigent l’égalité, la démocratie et
l’autonomie. Oui, elles luttent pour un autre monde mais pour un autre
monde où elles auront enfin toute leur place !
À l’appel d’une militante sénégalaise pour la création de stratégies
féministes communes afin d’obtenir l’autonomie financière ainsi que le
statut de sujet politique à part entière, a succédé celui d’une femme
polonaise qui, après avoir souligné combien les politiques du FMI menées
dans son pays depuis les années 90 ont détruit tous les droits sociaux
des femmes et les ont écartées de l’accès aux biens communs, a convié
les participant-e-s à « ne pas accepter les réformes capitalistes et à
être toujours plus solidaires dans leurs luttes ! ».
L’intensité des luttes des paysannes brésiliennes pour l’accès à la
terre et à la souveraineté alimentaire, chaque jour plus menacé par les
offensives des grandes entreprises de l’agro-business, fut répercutée
par une militante de Via Campesina. Les prises de paroles se clôturèrent
par le témoignage d’une féministe indignée espagnole : « Partout dans
le monde, la réalité des femmes c’est bien le patriarcat ! L’austérité,
menée au nom de la crise de la dette, vise et menace prioritairement les
acquis sociaux des femmes, leur autonomie financière et leur contrôle
sur leur propre corps. Cependant, partout les femmes se mobilisent.
Elles ne restent nullement les bras croisés : elles développent en de
multiples lieux des expériences et des réseaux d’économie sociale et
solidaire ». Cette jeune militante espère bien que l’Assemblée des
mouvements sociaux, en appelant à renforcer la solidarité internationale
pour l’égalité, démontrera encore cette fois-ci que féminisme et
altermondialisme participent au même combat.
Quelle meilleure conclusion donner à cette dynamique Assemblée des femmes en Tunisie que cette déclaration unanimement partagée : « La révolution sera féministe où ne sera pas ! »
31 mars par Emilie Tamadaho Atchaca, Solange Koné,Christine Vanden Daelen, publié sur le site du CADTM
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire