Observatorio Petrolero Sur (Buenos Aires), http://opsur.wordpress.com, Traduit par ALDEAH -www.aldeah.org
Cette
situation a amené les autorités de l’Etat de Vermont à interdire
l’emploi de cette technologie, alors que les Etats de New Jersey et de
New York ont déclaré des moratoires qui la suspendent. En Europe aussi,
le fracking est fortement mis en question. La France et la Bulgarie
l’ont interdit, alors que des moratoires ont été déclarés en Angleterre
et dans d’autres pays.
D’autre
part, l’associé choisi par YPF n’a pas une très belle carte de visite.
Texaco (compagnie contrôlée aujourd’hui par Chevron) a été poursuivie en
justice en Equateur et condamnée, pour les dégâts
socio-environnementaux qu’elle a causé dans la région amazonienne, à
payer 9,5 milliards de dollars de dommages et intérêts (l’entreprise se
refusant de reconnaître sa responsabilité, ce montant a été doublé par
la justice, en arrivant à plus de 19 milliards ndlr). En novembre, la
justice argentine a donné suite à l’embargo sur les actifs de la
compagnie dans le pays pour rendre effective la sentence équatorienne à
laquelle l’entreprise nord-américaine refuse de se soumettre.
Enfin,
le projet pilote qui doit être mis en place par YPF et Chevron au
Neuquén s’installera en territoire mapuche, lequel souffre déjà de
pollution provoquée par plus de trois décennies d’extraction
d’hydrocarbures. Dans les années 1990, de nombreuses études ont attesté
de graves impacts pour l’air, l’eau et la terre, des cas de cancer, de
malformations et de fausses couches, entre autres pathologies
constatées, ainsi que de flagrantes violations des droits collectifs de
ce peuple.
Avancée extractiviste et perte de souveraineté
Loin
d’être un instrument de reconversion énergétique à laquelle nous
aspirons à notre époque, l’entreprise mixte YPF agit comme à la pointe
de lance de l’ensemble du secteur, pour l’exploitation massive des
hydrocarbures non conventionnels. Comme il l’explicite dans son plan
quinquennal, le gouvernement ne vise pas seulement l’autosuffisance,
mais voudrait également convertir le pays en exportateur net d’énergie.
Pour y arriver, les premiers pas ont été annoncés par la présidente
Cristina Fernández lors du diner annuel de l’Union Industrielle
Argentine (UIA) : augmentation de 300% du prix du gaz à la tête du
puits.
Les
provinces aussi ont avancé dans les réformes de leurs législations. Au
Chubut, le 27 décembre prochain, il sera question du nouveau cadre
régulateur de l’activité hydrocarburifère, et tous les paris sont mis
sur l’exploitation de gisements non conventionnels. Pour sa part, le
gouvernement de la province de Neuquén, dirigé par Jorge Sapag, a été le
principal lobbyiste pour créer les conditions économiques et juridiques
optimales pour le développement de ses gisements. Sa détermination l’a
poussé jusqu’à autoriser, il y a peu, l’entreprise française Total à
forer un puits d’exploitation des non-conventionnels dans l’aire
naturelle protégée Auca Mahuida, dans le nord de la province.
Alors
que l’on ne détaille pas les conséquences des années d’activité menée
par Repsol, en accord avec la volonté exprimée par le gouvernement dans
le cadre de la récupération du contrôle de YPF, on accepte comme nouveau
partenaire une entreprise clairement destructrice des territoires et
condamnée pour cela. Alors, à qui profite l’exploitation des non
conventionnels ? Avec un prix à la tête du puits plus élevé, quelles
autres surprises estivales nous attendent ? Cet accord, définit-il les
règles du jeu pour les autres entreprises intéressées par l’exploitation
des hydrocarbures non conventionnels ? Bien que les détails de l’accord
signé avec Chevron ne soient pas connus, nous avons la certitude que
ces compagnies avancent quand les conditions sont optimales pour leurs
intérêts.
Sur le
dos du peuple, l’entreprise mixte YPF consolide le nouveau schéma qui
permet à peu de personnes de faire des affaires dont les coûts sont
payés par tous. L’objectif devrait être l’autosuffisance énergétique et
pas nécessairement l’approvisionnement en hydrocarbures. Dans ce cadre,
il est nécessaire de rediscuter les politiques énergétiques de manière à
pouvoir assigner correctement les immenses ressources économiques qui
sont mis en jeu dans ce scénario prédateur.
Observatorio Petrolero Sur (Buenos Aires), 20 décembre 2012,
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