M. Colloghan

dimanche 11 novembre 2012

Florence 10+10 : Rencontre altermondialiste 8-11 novembre


Nous publions ci-dessous trois brefs compte rendus de la délégation des Alternatifs présente au sommet de Florence 10+10.

Firenze 10+10 Giorno 1

C'est par un beau soleil d'automne que la Forteresse de Florence accueille, 10 ans après le premier FSE, les altermondialistes de toute l'Europe.


Ce matin, une introduction à 2 voix du comité d'organisation a présenté l'ensemble des travaux.

Si la référence au premier Forum Social Européen est affirmée d'emblée, l'objectif de ce nouveau rendez-vous de Florence se veut à la fois plus pragmatique, plus concret sans être pour autant une nouvelle édition du FSE.

Ce processus avait atteint ses limites : le constat a été fait qu'il n'y a pas eu réaction digne de ce nom en solidarité de la part des peuples européens avec le peuple grec. Tout le monde, dans les réseaux altermondialistes, en avait convenu : la Grèce est le nouveau laboratoire du libéralisme en Europe, dans un contexte de crise globale multiforme extrêmement profonde du capitalisme. Les effets de cette crise sont déjà dramatiques pour les peuples du sud de l'Europe.

La pluralité des acteurs, des actrices et des terrains de luttes, l'absence de hiérarchie entre ces luttes, le fonctionnement au consensus et l'objectif de construction d'initiatives communes : on a retrouvé dès ce matin les éléments communs à la culture altermondialiste .

En ce qui concerne la participation, on relève déjà 3000 inscrit-e-s avant même le début des discussions, toutes générations confondues, la présence de délégations de la rive Sud de la Méditerranée et en particulier des organisateurs/organisatrices du FSM de Tunis en mars 2013.

L'assemblée inaugurale était à l'image de cette diversité.

Il y a des mobilisations importantes partout en Europe mais en ordre dispersé, ce qui ne laisse pas apparaître un réel rapport de force européen face aux politiques d'austérité et de renforcement de l’État autoritaire.

L'idée force de « Florence 10+10 » est de faire converger des revendications à l'échelle européenne autour de 5 thématiques : démocratie en Europe ; droits sociaux et droit du travail ; austérité et dette ; Europe et le monde ; biens communs sociaux et naturels.

Les propositions de campagnes et initiatives qui émergeront devront être validées par chaque composante pour servir de base communes à la mobilisation dans tous les pays.

Firenze Giorno Due
« Movimenti uniti contro una crisi che divide »: titre de l'article d'« il Manifesto » du jour.

Des mouvements rassemblés contre une crise qui divise, c'est la formule qui résume la préoccupation commune : mettre en échec les divisions nord/sud, est/ouest qui pourraient faire obstacle à une riposte unitaire des peuples d'Europe.

Les ateliers ont continué aujourd'hui à décliner l'état des lieux des luttes autour des 5 thèmes définis. Évidemment, des débats se sont spontanément organisés de manière autogérée, débordant les cadres prévus.

Bien que la thématique féministe devait être traitée de manière transversale, les féministes ont organisé une après-midi de rencontre. Fort heureusement car la question du genre n'avait pas ou peu été présente jusqu'alors.

Si le féminisme a fait progresser radicalement la société en terme de mode de vie et de pensée au cours du 20ème siècle, les inégalités persistent malgré les luttes et les acquis restent fragiles. Pourtant, le féminisme n'apparaît toujours pas comme une urgence au même titre que l'écologie, ni dans les préoccupations des gouvernements ni dans le mouvement social ; ainsi l'Altersummit appelle à construire un mouvement unitaire pour une Europe sociale , démocratique et écologiste...

La crise et les politiques d'austérité touchent plus durement les femmes mais ouvrent peut-être une opportunité pour mettre en avant les revendications des féministes. Un calendrier d'initiatives féministes sera proposé à l’assemblée des convergences notamment faire du 8 mars une journée féministe contre la dette illégitime.

Nous avons participé hier soir à la réunion FSM 2013. Toutes les délégations maghrébines étaient présentes pour faire le point sur la préparation du FSM qui se tiendra à Tunis du 26 au 30 mars prochain. Des membres du comité international étaient bien sur aussi présents. La logistique et le financement avancent bien, un effort reste cependant à faire sur la popularisation auprès des réseaux hors Machrek et Maghreb, notamment en Europe et aux Amériques.

Demain la journée commencera par l'assemblée des convergences....

Firenze terzio giorno

Ce matin avait lieu en séance plénière la présentation des synthèses des 5 thèmes. L'objectif était d'arriver à un texte final et des propositions de campagne avec, si possible, une action transversale commune aux 5 thèmes : démocratie, finances/dette/austérité, biens communs, Europe et monde, droits sociaux et du travail.

Quel que soit le thème, les constats étaient identiques : sous prétexte de dette, les politiques d'austérité imposent la destruction des droits , des acquis, des ressources naturelles, le recul de la démocratie... et mettent les peuples à genoux. Certains ateliers ont proposé un calendrier d'actions. Le texte de conclusion soumis à l'assemblée ne reprenait qu'en partie les propositions mais il a fait l'objet d'ateliers de réflexion et de critiques ; il sera complété et finalisé demain.

Des questions brûlantes d'ordre divers ont également été largement traitées durant les deux journées écoulées :
  • la montée de l'extrême-droite qui se nourrit de la crise : c'est en Grèce que la situation est la plus grave avec les options ouvertement nazies de l'Aube Dorée ;
  • les mobilisations contre les grands projets inutiles et ruineux , en particulier celui de Notre Dame des Landes bien sûr ;
  • la résistance du peuple palestinien et les campagnes de solidarité , notamment BDS et ses avancées;
  • la situation en Syrie et l'appréciation des enjeux et des tâches de solidarité qui en découlent. Sur ce dernier point plus brûlant encore que tous les autres, les échanges furent difficiles : de réelles divergences existent entre les participant-e-s aux débats, dans une situation par ailleurs extrêmement complexe et de surcroît très mouvante. Des points de vue syriens différents se sont exprimés. Dans les réseaux européens présents, il y avait une option pacifiste n'excluant pas un soutien à la résistance, à quoi s'opposait un refus de ce soutien sous prétexte que la résistance syrienne a des soutiens ambigus. Dans certains propos, il se disait même que cette résistance était manipulée par l'impérialisme, avec en conclusion ce qui ressemblait à une défense du régime syrien.

L'événement de l'après-midi et de «Florence10+10 » fut le lancement officiel du processus de l'Altersummit.

Pourquoi ? Pour quoi faire ? Avec qui ? Comment ? Où et quand ?

Après avoir réaffirmé la nécessité et l'urgence d'un mouvement européen pour construire un rapport de force face aux attaques très organisées des capitalistes, les intervenants et intervenantes ont répondu à ces questions. La liste est politiquement et symboliquement importante ; Aurélie Trouvé d'ATTAC, Suzan George, Felipe Van Keirsbilck Joint Social Conference, Jean Michel Joubier de la CGT, Walter Baier de Transform !, des économistes critiques maintenant organisés en réseau européen , Nicoletta Pirotta de Initiative Féministe, Natasha Theodorakopoulou de Grèce, ... Parmi, les messages de soutien, on mentionnera Ken Loach, Gabi Zimmer président de la Gauche Unie Européenne...

Comme la Grèce est le laboratoire des politiques d'austérité, elle doit être à l'inverse laboratoire de la résistance des peuples et de la solidarité et en même temps le point de départ de la contre-offensive. L'Altersummit aurait donc un moment fort à Athènes en juin 2013 peut-être les 7, 8 et 9.

Entre temps, d'autre rendez-vous sont d'ores et déjà fixés : la manifestation du 14 novembre avec des grèves générales dans plusieurs pays d'Europe, une réunion de préparation en décembre à Bruxelles, une action des féministes contre les politiques d'austérité le 8 mars, une initiative à Bruxelles contre les institutions européennes et la troïka mi mars, le FSM de Tunis fin mars.

La feuille de route est prometteuse,  l'implication de tous et toutes est maintenant indispensable

La délégation des Alternatifs: Bruno Della Sudda, Nathalie Marcu, Alain Marcu, Florence Ciaravola.
Photos Alain Marcu


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