Du 24 au 29 janvier 2012, un forum social thématique « Crise capitaliste, justice sociale et environnementale » s’est tenu à Porto Alegre afin de préparer le Sommet des peuples qui se déroulera à Rio du 15 au 23 juin 2012, en parallèle du Rio+20 officiel. Il s’agira de s’opposer à la marchandisation de tous les aspects de la vie et de défendre les biens communs.
En effet, la conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement organisée à Rio en 1992 et celles qui ont suivies n’ont pas permis de réduire la misère et les inégalités et d’enrayer la dégradation de l’environnement. Bien au contraire, nous traversons la plus grande crise du capitalisme depuis 1929. Les inégalités sociales et la pauvreté s’accroissent, la famine continue d’affecter un milliard de personnes, les guerres et les conflits sévissent un peu partout, le racisme et la xénophobie se développent. Le système de production et de consommation capitaliste dominé par les multinationales avec l’assentiment des gouvernements et des institutions internationales contribue au réchauffement climatique, à la destruction croissante de la biodiversité, à la réduction de l’accès à l’eau potable, à l’augmentation de la désertification des sols et à l’acidification des mers. La marchandisation de toutes les dimensions de la vie est de plus en plus visible. La globalisation de l’économie, sous l’égide du système financier international, orientée uniquement par la recherche du profit maximum, impose une intensification du travail et contribue à l’exploitation effrénée des combustibles fossiles et à la destruction des écosystèmes. Dans ces conditions, l’échec patent des engagements pris à Rio92 démontre amplement que les peuples doivent, plus que jamais, contester la domination hégémonique du système international, proposer et construire des alternatives. Ce sera tout l’enjeu du sommet alternatif de Rio+20, qui après Seatle, les FSM, Cochabamba, Copenhague et le Contre G20, devra contribuer à accumuler des forces pour la protection de la vie et des biens communs.
Toutes ces thématiques étaient abordées lors du forum à travers les 900 ateliers, séminaires et plénières1. Il s’agissait pour les organisations, les réseaux et la société civile d’approfondir la réflexion et d’élaborer des propositions d’action.
Il y avait deux forums en un : le premier principalement brésilien et, dans une moindre mesure, sud-américain avec ses activités autogérées se déroulait à Porto Alegre et dans les villes de la banlieue proche (Canoas, São Leopoldo et Novo Hamburgo) et, le second plus international, réunissait les principales organisations actives dans les forums sociaux mondiaux et les composantes du Comité international du FSM pour travailler sur les thématiques.
La participation numérique a été en deçà des attentes et la manifestation d’ouverture n’a rassemblé que quelques milliers de personnes, essentiellement des syndicats : Centrale unique des travailleurs (CUT), Centrale des travailleurs brésiliens (CTB), Force syndicale (FS), Nouvelle centrale syndicale des travailleurs (NCST) et Union générale des travailleurs (UGT) et, de maigres représentations politiques brésiliennes : Parti des travailleurs (PT), Parti communiste du Brésil (PCdoB), Parti Socialisme et liberté (PSOL) et du Parti socialiste des travailleurs unifié (PSTU) ainsi que des organisations écologiques et un cortège brésilien de la Marche mondiale des femmes. Le forum a également eu son volet institutionnel avec de nombreuses activités organisées par le gouvernement du Rio Grande do Sul, principal bailleur de fonds et dirigé par Tarso Genro (PT), ancien maire de Porto Alegre. Comme à l’accoutumée au Brésil, la présidente de la République, Dilma Rousseff, a effectué une visite en off en intervenant dans un meeting. Par ailleurs, de nombreuses activités culturelles et artistiques se sont déroulées pendant tout le forum dans les différentes villes accueillant le forum.
Lors de l’Assemblée des peuples, qui a réuni quelques milliers de personnes au Gazomètre, les différents groupes thématiques ont présenté les axes de lutte du Sommet des peuples de Rio+20.
La déclaration finale des mouvements sociaux2 résulte d’un consensus un peu compliqué à construire au sein des groupes thématiques, notamment avec les brésiliens. Les organisations sociales du pays hôte ont défendu le type de développement en cours localement et ont tendance à réduire l’objectif du RIO+20 à des revendications portant principalement sur une meilleure répartition des richesses et une plus grande justice sociale. Tout ce qui pourrait contrecarrer le développement du Brésil, y compris au détriment des pays voisins est difficilement négociable. Néanmoins, la déclaration affiche un certain nombre d’objectifs pour engager les luttes dans différents secteurs. Reste à démontrer si le sommet Rio+20 permettra de mobiliser à l’échelle internationale en étant à la hauteur des enjeux planétaires.
Richard Neuville
1. L'auteur a participé, en tant que membre des Alternatifs et de l'Association pour l'Autogestion, à une conférence « Mouvements sociaux et politiques, révolution du XXIe siècle », organisée par le Collectif « Brasil autogestionário » et animée par Paulo Marques à l’Assemblée législative de l’Etat du Rio Grande do Sul, avec la participation d’Esther Vivas de la gauche anticapitaliste de l’Etat espagnol (IA) et de Wilhelmina Trout (Afrique du Sud) de la Marche mondiale des femmes (MMF).2. Consultable sur ce site : http://alterautogestion.blogspot.com/2012/02/declaration-finale-de-lassemblee-des.html
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