M. Colloghan
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vendredi 8 juin 2012

Catalunya en lluita I – visite dans un centre de santé coopératif et autogéré à Barcelone

Par Julien Simard

À Barcelona, les marées de touristes (12 millions en 2011) donnent une façade de centres d’achats à une ville qui est aussi une termitière de luttes sociales depuis au moins 150 ans. Oui, Mango et l’anarchie cohabitent ici.

mardi 23 août 2011

Nouvelles de Marinaleda


Par Mohamed Belaali

http://belaali.over-blog.com/article-nouvelles-de-marinaleda-82082007.html


Les habitants de Marinaleda poursuivent avec toujours autant de courage, d'enthousiasme et de détermination leur originale et formidable expérience. Ils savent combien les autres communes souffrent des conséquences de la crise à répétition du capitalisme et des politiques désastreuses du gouvernement espagnol. Ce n'est pas un hasard s'ils ont infligé une lourde défaite au PSOE aux élections municipales du mois de mai dernier (1). En cet été 2011, Marinaleda foisonne de projets et de rêves pour améliorer encore et encore la situation matérielle et intellectuelle de l'ensemble de ses habitants. Ces projets et ces rêves collectifs permettent à Marinaleda d'avancer sur le chemin du progrès et de réaliser des avancées sociales concrètes sans lesquelles la démocratie reste un concept creux sans contenu réel.

samedi 25 juin 2011

España/19-J : Himno a la alegría (Hymne à la joie)

Miguel Romero *
http://www.vientosur.info/


-“Oye, ¿dónde está nuestra gente?”
-“¿Cuál de ellas?”


1. El que pregunta buscaba al cortejo de Lavapiés que se le había despistado entre calle y calle. El que responde está mirando a la muchedumbre de cortejos, grupos, colegas… hermanados como nunca, que abarrotan la Ronda de Atocha camino de la Plaza de Neptuno, convencidos por primera vez en ni se sabe los años de que, como dice uno de lemas más hermosos y subversivos del 15-M: “Dormíamos. Nos hemos despertado”. Toda aquella gente era, efectivamente, nuestra gente.

lundi 20 juin 2011

A Madrid, plus de 45 000 indignés dénoncent le « Pacte pour l’euro »

20 juin 2011

Actuellement en Espagne, Maxime Combes et Sophie Chapelle, dans le cadre du projet Echo des Alternatives (www.alter-echos.org), vous proposent un retour en images de la manifestation de ce dimanche 19 juin à Madrid, l’une des 98 manifestations recensées par le mouvement des indignés.

Ce dimanche 19 juin, plus de 45 000 personnes ont parcouru l’un des 6 cortèges organisés en étoile depuis les quartiers périphériques de Madrid pour se retrouver devant le Parlement de l’Etat espagnol, place Neptune. « Pour une démocratie réelle maintenant et contre le Pacte pour l’euro ». Convoquée par les réseaux issus du mouvement du 15 mai « des indignés », Democracia Real Ya et la Acampada de Sol, mais également soutenue par quelques syndicats, cette manifestation dénonçait très clairement les mesures que les chefs de gouvernement des 17 pays de la zone euro prévoient d’adopter le 24 juin. Sans réel débat démocratique à l’échelle européenne, ces mesures visent à transformer les politiques d’austérité en horizon indépassable des politiques européennes (1), préconisant la modération salariale, la flexibilité du travail, la réduction des dépenses sociales etc… (2)

Lire la suite :

dimanche 5 juin 2011

Marinaleda, un village en utopie


Du droit à terre au droit au logement
Marinaleda, un village andalou en autogestion
Projection du film Marinaleda un village en utopie, suivi d’un débat.
Un film de Sophie Bolze, 2009, 82 mn, Production/Diffusion Tarmak Production

Pour en savoir plus, lire les articles d'Andrea Duffour et de Mohamed Belaali
publiés sur ce site :
"Marinaleda (Andalousie), un modèle d'autogestion unique en Europe"

mardi 31 mai 2011

Catalogne : le Mouvement « Démocratie réelle maintenant ! » résiste et se renforce


Richard Neuville s'est rendu en Catalogne pour y observer le mouvement en cours.


Ils ne pourront pas déloger nos rêves

Chronique du 27 mai : Au nom du football quasiment invoqué comme raison d’état, la police détruit les campements… et tente d’évacuer els indignats de Barcelona et de Lleida.
Le 27 mai, à partir de 6 heures 30 du matin, les Mossos d’esquadra ont investi le campement du M-15 installé sur Plaça Catalunya à Barcelone. L’ordre est venu du conseiller à la sécurité de la Generalitat (dirigée depuis 2010 par Convergencia i Unio – parti de la bourgeoisie nationaliste), qui a utilisé le prétexte de « nettoyer » la place en vue du rassemblement prévu le 28 au soir sur cette même place, en cas de victoire du Barca en finale de la coupe d’Europe de football. Il n’y a pas eu de  résistance violente de la part des occupants qui se veulent pacifiques mais beaucoup de détermination. 

lundi 23 mai 2011

Appel de l'Assemblée de Barcelone


LLAMAMIENTO DESTINADO A LOS PAISES FRANCOFONOS

Chèr(e)s ami(e)s

Nous souhaitons partager avec le plus grand nombre les moments inoubliables que nous vivons lors de notre #spanishrevolution, et nous appelons à ce que cette protestation s’étende au monde entier.

Avec cet appel, nous encourageons la convocation de campements hors de l’Etat espagnol, et
organisés par les habitants. Ici, nous sommes unis, nombreux, et nous résistons. Mais nous avons conscience que la lutte est aujourd’hui mondiale et que les voix doivent s’élever par et pour elles-mêmes.

vendredi 20 mai 2011

Etat espagnol : le Manifeste du mouvement "Democracia Real Ya !"

Nous publions ci-dessous le "Manifeste" et les propositions en cours d'élaboration du mouvement du 15 Mai "Démocratie réelle maintenant !", "Toma la calle" (Occupe la rue) "Parce que nous ne sommes pas une marchandise aux mains des politiciens et des banquiers". Depuis le 15 mai, le mouvement s'étend dans l'ensemble l'Etat espagnol.



Ne paie pas la crise des autres, rebelle-toi. Occupe la rue
La calle sabe lo que quiere (La rue sait ce qu'elle veut)

samedi 8 janvier 2011

La Révolution espagnole : Les collectivisations en Catalogne (1936-1939)

Cet article est paru in collectif Lucien Collonges, coordinateur de l'ouvrage "Autogestion hier, aujourd'hui, demain", paru aux Editions Syllepse, mai 2010.

Richard Neuville *

« Pour qui arrivait directement d’Angleterre, l’aspect saisissant de Barcelone dépassait toute attente. C’était bien la première fois dans ma vie que je me trouvais dans une ville où la classe ouvrière avait pris le dessus. […] Tout cela était étrange et émouvant. Une bonne part m’en demeurait incompréhensible ; mais il y avait là un état de choses qui m’apparut sur-le-champ comme valant la peine qu’on se battît pour lui. » George Orwell1

Dans la nuit du 18 juillet 1936, les généraux « rebelles » déclenchent le pronunciamento et déclarent l’état de guerre dans toute l’Espagne. Depuis la victoire du Frente Popular aux élections législatives en février, la tension est à son comble entre les partisans de l’Espagne « éternelle » et ceux de l’Espagne républicaine. La reconquista engagée par les militaires insurgés marque le début de la guerre civile et de la Révolution espagnole. En effet, très vite, la résistance antifasciste s’organise. A Barcelone, Gijon, Madrid, Malaga, Saint-Sébastien et Valence, l’insurrection militaire est écrasée par le mouvement populaire. Si le pays est coupé en deux, le gouvernement républicain reste cependant en place. Dans ces villes, devant le refus du pouvoir légitime d’armer le peuple, les travailleurs attaquent les armureries et les casernes et infligent une défaite aux factieux. La République se voit discréditée pour avoir refusé de donner des armes au peuple. Dans les zones où les militaires sont vaincus, des changements importants se produisent. Une profonde transformation économique et sociale s’amorce. Elle revêt cependant une intensité variable selon les territoires de l’Espagne républicaine. En Catalogne, l’influence idéologique libertaire au sein de la classe ouvrière, la structure économique distincte de celle du reste de l’Etat espagnol et l’indépendance politique (jusqu’à la fin de l’année 1937) vis-à-vis du pouvoir central sont des facteurs déterminants pour développer une alternative autonome aux lois du marché et au rôle prépondérant de l’Etat. C’est tout l’intérêt de l’expérience des collectivisations développées en Catalogne à partir du 19 juillet 1936, qui se caractérise par la mise en pratique des principes du socialisme anti-autoritaire et constitue encore aujourd’hui « une expérience unique au monde »2.

lundi 1 novembre 2010

Les athénées libertaires en Espagne

Richard Neuville *

« Pour nous, défendre et diffuser la culture est la même chose : accroître dans le monde le trésor humain de la conscience qui veille » . Antonio Machado

Ateneu llibertari - Barcelona Sants
Au cours de la première moitié du XXe siècle, les athénées libertaires tiennent un rôle essentiel dans l’émergence d’un puissant courant d’opposition autonome et antiautoritaire en Espagne. Conçus comme des lieux de culture et d’éducation, ils se développent dans l’ensemble du pays pendant la Seconde République et pallient la carence d’infrastructures éducatives officielles pour la classe ouvrière. Indubitablement, le mouvement libertaire ibérique n’aurait certainement pas eu l’ampleur qu’il a eue au cours de cette période sans les athénées. Si le mouvement renaîtra lors de la transition démocratique, il ne retrouvera pas, loin s’en faut, son essor.

Les premiers athénées, centres républicains fédéraux, se créent d’abord dans les villes au début de la révolution industrielle. Parallèlement, le mouvement coopératif diffuse largement les notions de solidarité et d’autogestion dans les zones rurales. Jusqu’au début du XXe siècle, les athénées perdent rapidement leur influence et sont absorbés en grande partie par la bourgeoisie éclairée et l’église catholique. Mais par la suite, d’autres athénées populaires naissent, les centres républicains démocratiques ou maisons du peuple, qui bénéficient d’une véritable implantation populaire pendant les premières décennies du XXe siècle. Avec le temps, ils se transforment en véritables universités populaires et contribuent au développement d’un état d’esprit critique. Au début du XXe siècle, l’Ecole moderne est créée, elle se propage sur tout le territoire espagnol et, en particulier à Valencia et en Catalogne. Mais son existence est brève, particulièrement à cause des persécutions de l’Etat et de l’église qui aboutissent à sa fermeture définitive en 1906. Néanmoins, le germe et l’esprit de l’Ecole moderne, sa pédagogie et sa méthodologie ont pénétré les consciences et, peu à peu, de nouvelles écoles rationalistes se constituent. Elles scolarisent les enfants d’ouvriers en s’appuyant sur les principes pédagogiques modernes. Avec le temps, elles se convertissent en véritables embryons des athénées libertaires. En 1917, l’Ecole Rationaliste « La Luz » à Sants (quartier de Barcelone) devient le premier Athénée libertaire en Espagne, l’Ateneu Enciclopedic Popular.

vendredi 15 octobre 2010

Mondragón : Des dizaines de milliers de travailleurs qui dirigent et coordonnent leurs entreprises : ça marche !

Benoît Borrits *
13 octobre 2010

Le groupe Mondragón Corporacíon Cooperativa (MCC), basé au Pays basque, est une organisation unique au monde. Composé d'environ 120 coopératives dirigées par leurs travailleurs et coordonné par une direction démocratiquement élue, ce groupe a connu une progression insolente depuis sa création dans les années 50. En l'espace de 10 ans, ce groupe coopératif a quasiment doublé le nombre total de ses travailleurs, passant de 42 861 en 1999 à 85 066 en 2009.
Pour autant, il est sujet à de nombreuses controverses. Pour certains, critiques de la coopération en tant que telle, cette expérience n'est jamais qu'une « success story » entrepreneuriale. Pour d'autres, il s'agit d'une expérience coopérative, certes intéressante, mais qui se serait largement éloignée des idéaux du mouvement au point de se comporter comme un vulgaire employeur capitaliste à l'égard des nombreux salariés non-coopérateurs. Pour d'autres enfin, MCC est un groupe industriel et financier, parmi d'autres, évoluant dans la logique productiviste de la mondialisation néolibérale.
Si ces façons de voir peuvent se défendre sur biens des aspects et quelle que soit l'évolution future de ce groupe coopératif, il n'en reste pas moins vrai que MCC est la preuve vivante que, contrairement aux idées reçues, les travailleurs sont largement capables de diriger leur entreprise et de coordonner leur production.

vendredi 30 avril 2010

Etat espagnol : MANIFIESTO SOCIALISMO 21

Los hombres y mujeres que impulsamos la Asociación político cultural “Socialismo 21” (socialismo21.net) partimos de dos convicciones: muestro rechazo intelectual y moral al capitalismo y nuestra apuesta inequívoca por el socialismo.
El tiempo político que estamos viviendo quizás no guarde comparación con ninguna otra etapa histórica. El capitalismo está sumido en una crisis global de consecuencias inescrutables, y las fuerzas de la izquierda antisistema están muy debilitadas ideológica y organizativamente, siendo incapaces de ofrecer una alternativa creíble a los trabajadores y las capas sociales oprimidas. De ahí surge lo paradójico de nuestra época: las mujeres y los hombres que queremos construir otro mundo perciben hoy más que nunca la injusticia, los crímenes y las aberraciones que el capitalismo conlleva y al mismo tiempo, nunca como hasta ahora, su superación parece más difícil y menos viable.

jeudi 22 avril 2010

Marinaleda (Andalousie): Un modèle d'autogestion unique en Europe

Andrea Duffour

Depuis l’alerte google Alternatives au capitalisme j’ai récemment découvert l’existence de Marinaleda, une commune de 2645 habitants en Andalousie «où Marx vivrait s’il était encore en vie, avec zéro chômage, zéro policier et des habitations à 15 euros par mois »(1). Une alternative au capitalisme réalisée à moins de 2000 km de chez nous et qui fonctionne depuis plus de 30 ans sans que je n’en aie jamais entendu parler ? A la première occasion, c’est donc sac à dos, train, bus et autostop que j’irai pour vérifier si cette belle utopie existe vraiment…

lundi 8 février 2010

Etat espagnol : Forum social Catalan

Richard Neuville
06/02/2010
Les 30 et 31 janvier deniers, à l’occasion du 10è anniversaire du forum social mondial (FSM), deux forums sociaux étaient organisés simultanément au sein de l’Etat espagnol, à Barcelone et à Madrid. Pour les mouvements sociaux, ces deux événements revêtaient une importance particulière car ils coïncidaient avec le début de la présidence de l’Union européenne par le gouvernement espagnol mais également avec l’annonce des chiffres catastrophiques du chômage pour l’année 2009 et la décision de José Luis Rodríguez Zapatero, chef du gouvernement, de porter l’âge de la retraite à 67 ans. Les deux forums ont été précédés de manifestations contre le chômage et la précarité et pour une répartition du travail et de la richesse le jeudi 28 janvier à l’occasion de la réunion des ministres du travail de l’Union européenne.

Les deux forums ont rassemblé chacun 3 000 personnes. J’ai assisté pour ma part au Forum social Catalan (FSCat) qui se tenait dans l’édifice historique de l’université de Barcelone.

mardi 1 septembre 2009

Mondragon, des coopératives ouvrières dans la mondialisation

Adaptation ou contre-offensive ?
Joël Martine, Marseille, avril 2008


Première partie : une éthique, une réussite
Mondragon Corporacion Cooperativa (MCC) est une petite multinationale dont le noyau est constitué de coopératives ouvrières à Mondragon au Pays Basque espagnol. Ces coopératives, propriété de leurs travailleurs, les socios, sont fédérées en un réseau qui a ses propres institutions de financement ; et d'autre part ces fonds de financement détiennent des entreprises en tant qu'actionnaire capitaliste (certaines en joint venture avec des capitaux privés), actuellement dans 18 pays (Grande-Bretagne, Brésil, Chine, Mexique, etc.). Par exemple l'entreprise d'appareils électroménagers Fagor possède une filiale en Pologne, en France (Brandt), et au Maroc. Les principales activités de MCC sont industrielles (machines-outils, équipements automobiles, etc.) ; elle comprend aussi la chaîne de supermarchés Eroski, qui a mis en place des centrales d'achat communes avec des entreprises capitalistes européennes de la grande distribution. Au total, le groupe avait environ 25000 emplois en 1992, 81880 fin 2006, dont plus de la moitié ne sont pas des coopérateurs.

mardi 24 mars 2009

Les coopératives ouvrières de Mondragon

Joel Martine *


UNE REPONSE AUTOGESTIONNAIRE A LA MONDIALISATION
Les coopératives ouvrières, ça marche.
…. Et ça marche d’autant mieux si elles sont fédérées en un réseau ayant son propre système de financement.


C’est le cas de MONDRAGON CORPORACION COOPERATIVA (MCC), un groupe industriel de 218 entreprises dont la moitié sont des coopératives, dans les secteurs de la construction, les machines-outils, l’électro-ménager, la distribution, un peu l’agriculture, etc. A l’origine, quelques coopératives à Mondragon au Pays Basque espagnol. En 1959 elles se sont dotées d’une coopérative de crédit, dans l’esprit de mettre les outils économiques au service de l’homme. Ce qui leur a permis d’essaimer. Dans les années 70 elles ont créé un centre de recherche technologique. Ces moyens financiers et technologiques ont été renforcés dans les années 80 pour faire face à la concurrence capitaliste du marché européen et de la mondialisation. MCC est devenu le 7ème groupe d’entreprises en Espagne, et il a maintenant 38 sites de production à l’étranger (France, Grande-Bretagne, Pologne, Brésil, Chine, etc., en tout 14 pays). MCC possède sa propre banque, la Caja Laboral[1].
Une petite multinationale, donc, mais dont le fonctionnement n’a rien à voir avec celui d’un groupe capitaliste organisé de haut en bas et commandé par les grands actionnaires. C’est l’inverse : la direction du groupe est élue par un congrès annuel des représentants de toutes les entreprises, c’est-à-dire des travailleurs puisque chaque coopérative est et reste propriété de ses salariés. C’est l’assemblée des travailleurs de l’entreprise qui définit ses orientations et élit sa direction, au suffrage égalitaire : une personne, une voix. L’assemblée des travailleurs élit aussi un Conseil Social, qui joue à peu près le rôle d’un syndicat.

Les travailleurs co-propriétaires
Chaque travailleur possède personnellement une part du capital de son entreprise, qu’il a investie lorsqu’il est devenu sociétaire. Sur cette base il reçoit une part des bénéfices comme un actionnaire (en plus de son salaire). Autrement dit les travailleurs-propriétaires se partagent les bénéfices. Mais une partie de ces bénéfices, dont le montant est décidé par l’assemblée de l’entreprise, doit obligatoirement être réinvestie dans l’entreprise. Ainsi le capital collectif augmente par augmentation de la propriété de chacun. Le reste est empoché par les individus comme intérêts de leur part de capital. Cet intérêt ne dépasse pas 7,5% ; il est donc beaucoup moins lourd pour l’entreprise que les intérêts à 14% ou plus qu’exigent aujourd’hui les actionnaires des entreprises capitalistes sous peine de « licenciements boursiers » ! D’un autre côté, l’investissement dans l’entreprise reste avantageux comparé à d’autres formes d’épargne. Bref, le sociétaire travaille pour lui et pour ses collègues, et pas pour des actionnaires extérieurs, sans compter le plaisir de faire partie d’une collectivité solidaire ! En plus de l’intérêt de base, les salariés sur poste de responsabilité reçoivent une participation aux bénéfices (ou aux pertes éventuelles !) plus ou moins importante selon leur niveau de responsabilité. Enfin le travailleur qui quitte l’entreprise ou part en retraite retire sa part du capital (son apport initial augmenté des dividendes capitalisés) ou la vend à d’autres sociétaires.
L’éventail salarial, initialement de 1 à 3, est actuellement de 1 à 6, afin de rester attractif pour les salariés très qualifiés et d’encadrement. Les salaires ouvriers sont parmi les plus élevés de la profession localement ; les salaires des cadres sont nettement inférieurs à ceux du privé.


Un financement inter-entreprises original
Ce que les coopératives de MCC font mieux que les autres, c’est qu’une partie de leurs bénéfices est d’abord versée à un fonds inter-entreprises du groupe, qui lui va investir cet argent dans les différentes entreprises pour aider à leur développement ou les soutenir en cas de difficulté. Cela permet d’anticiper les restructurations, mieux que ne le ferait une coopérative isolée, et sans faire de dégâts humains ! Il y a aussi un fonds commun pour la formation et un pour la prévoyance sociale. C’est ce dispositif de financement qui donne aux coopératives de MCC les moyens d’être concurrentielles face aux entreprises capitalistes.
Tout cela marche grâce à une éthique de la démocratie d’entreprise et de la solidarité, qui ne s’est pas démentie depuis cinquante ans. Le résultat, c’est un groupe dynamique, qui développe des emplois qualifiés et qui ne laisse personne sur le carreau : les avantages du capitalisme sans ses inconvénients !
En plus, MCC participe au développement local au Pays Basque en concertation avec les pouvoirs publics et finance des œuvres sociales.


Mondragon fait rêver
Chaque année nous voyons fermer des entreprises pourtant viables et utiles dans le tissu économique local, pour la seule raison que les actionnaires demandent le maximum de profit. Un réseau comme celui de Mondragon pourrait proposer aux équipes de salariés menacés par les « licenciements boursiers » de sauver leur emploi en montant une coopérative. Ce n’est pas le choix de MCC : pour eux, le premier critère pour fonder un établissement est sa complémentarité industrielle dans la stratégie de développement du groupe. Mais ce serait sans doute possible, s’il y avait aussi la volonté politique de collectivités locales et l’engagement de banques coopératives existantes.
On pourrait donc imaginer un réseau qui développerait une alternative aux règles du jeu capitalistes. Cela permettrait que l’économie alternative et solidaire ne reste pas cantonnée à des activités peu rentables et au créneau de l’insertion.
On peut aussi s’inspirer du fonctionnement de MCC pour imaginer ce que pourrait être aujourd’hui un secteur d’entreprises autogérées, servant de banc d’essai pour une future réorganisation socialiste de l’ensemble de l’économie. Avec toutefois d’importantes différences : notamment, il vaudrait mieux que le fonds de financement interentreprises soit un service public, plutôt que d’appartenir à un groupe industriel en concurrence avec d’autres[2].


Nouveaux défis
L’extension internationale a lancé un défi nouveau aux coopérateurs : pour « jouer dans la cour des grands », MCC a besoin de créer des entreprises-relais hors du Pays Basque et hors de l’Espagne, mais elle ne trouve pas toujours une équipe de travailleurs prête à fonder une coopérative. Dans ce cas le groupe crée une entreprise de type capitaliste, comme ferait une multinationale, et parfois en joint venture. Le résultat est que sur un total de 68260 emplois en 2003 (ils n’étaient que 25322 en 1992), plus de la moitié ne sont pas des coopérateurs … Le groupe étudie actuellement des formules qui permettraient de faire participer les salariés non-coopérateurs à la propriété et à la gestion de l’entreprise. La transformation des entreprises à l’étranger en coopératives n’est pas envisagée pour l’instant, mais n’est pas exclue pour l’avenir.
Au Pays Basque, 20% des salariés des coopératives de MCC ne sont pas coopérateurs … mais ils le deviennent le plus souvent au bout de deux ou trois ans : le groupe les y incite en leur proposant une formation à la gestion.
Autre problème : les ressources financières du groupe ne suffisent pas toujours à apporter aux entreprises les capitaux nécessaires à leur développement. La chaîne de distribution Eroski résout ce problème en émettant depuis 2002 des titres de participation dont la rémunération est fixe et garantie, et qui sont attractifs pour les investisseurs. Ce recours à l’investissement privé crée bien sûr une contrainte financière pour la coopérative, mais ne met pas en danger son autonomie, les investisseurs extérieurs n’ayant pas de pouvoir sur la gestion de l’entreprise. Est donc préservé le principe selon lequel le capital est un moyen au service de l’entreprise et de ses travailleurs, et non l’inverse.


* Joël MARTINE, Marseille, novembre 2004[1]
Pour en savoir plus : http://www.mondragon.mcc.es et articles en anglais d’observateurs extérieurs : http://www.sfworlds.com/linkworld/mondragon.html. [2]. Sur ce débat, voir surtout Tony Andréani, Le Socialisme est (à)venir, éd. Syllepse, 2004, tome 2, p.257. 
Voir aussi Pour un secteur de la propriété sociale, viable dans l’environnement économique actuel, article accessible sur http://joel.martine.free.fr, rubrique alternatives économiques et dans l’ouvrage collectif Le Socialisme de marché à la croisée des chemins, dir. Andréani, éd. Le Temps des cerises, 2004.