M. Colloghan

mardi 17 février 2015

« Le soleil est de retour en Grèce, un soleil d'espoir »

Par Richard Neuville

La victoire de Syriza, saluée dans toute l'Europe et au-delà, a eu une résonance toute particulière dans l’État espagnol. Tout un symbole, la présence de Pablo Iglesias, aux cotés d’Alexis Tsipras, lors du meeting de clôture de la campagne le 22 janvier à Athènes, ou celles moins médiatisées de Cayo Laro, leader d’Izquierda Unida et d’Ada Colau, candidate de Guanyem à la mairie de Barcelone1. La veille, le Chef de gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, avait également effectué le déplacement à Athènes pour soutenir Antoni Samaras, 1er Ministre grec sortant. La classe politique et les hors « caste » de l’État espagnol se seront donc engagés pleinement dans la campagne électorale grecque, à l'exception du Psoe, qui pour des raisons évidentes, ne pouvait parrainer l'effondrement du Pasok. C’était bien la perspective des élections générales à la fin de l’année dans l’État espagnol qui étaient en point de mire.


Car, c’est précisément en Europe de Sud que « l’insurrection électorale » et la révolte sociale s’expriment avec le plus de force en rébellion aux politiques austéritaires imposées par la Troïka et les gardiens de l’orthodoxie financière. Celles-là même qui ont paupérisées et asservies les peuples grec et de l'Etat espagnol depuis 5 années, en les chassant de leur logement, en baissant leur salaire et leur pension, en restreignant les droits élémentaires comme celui de l'accès aux soins. Avec cette victoire, un vent du sud s'est levé sur l’Europe et, signe des temps pour ces pays, il n’a pas le bruit des bottes. La victoire de Syriza a donc soulevé un grand engouement de Madrid à Barcelone et de Vigo à Cadix.

Pablo Iglesias a souhaité « la meilleure chance du monde au nouveau gouvernement grec » et indiqué « que le soleil est de retour en Grèce, un soleil d'espoir ». Mais prudent, il a précisé que la situation des deux pays n'est pas totalement analogue.

Pour sa part, Izquierda Unida a estimé que la victoire de Syriza est le signe d'un changement d'époque en Europe. “Aujourd'hui, c'est l'espoir que les choses peuvent se régler d'une autre manière au niveau européen” et, comme un clin d'œil à Podemos, qu'”il n'y a pas de changements possibles en Europe qui ne passent pas par la gauche”.

Dans un communiqué, Anticapitalistas a indiqué que cette victoire “ne laisse pas de doutes sur les profonds changements actuels et ceux qui peuvent se produire au cours des prochaines années dans le sud de l'Europe” et qu'il s'agit là “d'une victoire inestimable, pleine de difficultés et de défis dans un contexte international où la corrélation des forces reste favorable aux forces réactionnaires”2.

Josep Maria Antentas, universitaire catalan et membre d’Anticapitalistas, pense “que Syriza peut être le premier pion d'un effet domino dont le prochain mouvement peut être précisément l'Etat espagnol”. Pour cela, la “solidarité internationale avec le peuple grec acquiert dès aujourd'hui une dimension stratégique décisive. Une solidarité qui devra fonctionner à deux niveaux, une solidarité centro-périphérique, [….] et une solidarité horizontale du reste de la périphérie euro-méditerranéenne vers le pays hellénique”.

Le chemin de l'espoir suscité par le succès en Grèce reste encore long pour Podemos et les forces de gauche de l'Etat espagnol. Mais les listes conduites par Ada Colau (Guanyem) et Teresa Rodríguez (Podemos) pourraient créer la surprise lors des élections municipales à Barcelone en mai et régionale anticipée en Andalousie le 22 mars, ce serait alors un point d'appui très prometteur pour les élections générales3.

Le 30 janvier 2015
(Article rédigé pour la revue Rouge & Vert n°387, Février 2015)

Notes :
 
1. Guanyem (Gagnons) est une coalition constituée pour les élections municipales de Barcelone. Elle regroupe Podem (représentation de Podemos en Catalogne), ICV-EUiA (Initiative pour la Catalogne-Les Verts-Gauche unie et alternative), Partido X o Procés Constituent (deux formations issues des indigné-e-s et créées avant Podem). La CUP (Candidature unité populaire), formation indépendantiste et municipaliste a renoncé à s’associer et présentera sa propre candidature. La tête de liste de Guanyem, Ada Colau, est une des fondatrices de la Plateforme des affectés de l’hypothèque, elle a joué un rôle essentiel contre les expulsions de logement.

2. Anticapitalistas est une association constituée le 18 janvier 2015 suite à la dissolution de la Gauche anticapitaliste en réponse à l’interdiction de la double appartenance au sein de Podemos, actée lors de l’AG d’octobre dernier.

3. Teresa Rodríguez, députée européenne de Podemos, elle était membre de la Gauche anticapitaliste. Elle a été une des leaders des Marées de l’éducation. Elle a été désignée tête de liste pour l’élection régionale anticipée en Andalousie suite à la décision du Psoe de dissoudre le parlement régional après la rupture du « pacte de confiance » avec IU.

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